vendredi 29 juin 2007

Contrainte biologique

Notre système nerveux est une petite merveille, mais il n'est peut-être pas complètement adapté aux grands défis du monde moderne. C'est en tous cas la remarque que je me suis faite après avoir réalisé une expérience amusante lors d'une visite au Musée des Sciences de Boston.

Le mystère des trois casseroles

L'expérience est simple et peut être réalisée depuis chez soi. Pour cela, il suffit de prendre trois casseroles. Mettre l'une d'entre elles au réfrigérateur pendant une demie-heure. Poser la seconde à l'envers sur une table pendant la même durée. Juste avant de sortir la première casserole du réfrigérateur, chauffer la troisième casserole quelques minutes sur le feu (attention, le but n'est pas de la rendre brûlante, mais simplement d'augmenter légèrement sa température!). Une fois toutes ces opérations réalisées, disposer les trois casseroles côte à côte et à l'envers sur une table, en mettant la casserole à température ambiante au milieu, la casserole froide à droite et la casserole chaude à gauche.

Si vous posez les mains sur la casserole du milieu, vous ne devez normalement rien sentir de particulier (à part une casserole, bien sûr!). Posez ensuite votre main gauche sur la casserole chaude et votre main droite sur la casserole froide. Au bout de quinze secondes, posez les deux mains en même temps sur la casserole du milieu. Votre main gauche doit sentir du froid et votre main droite du chaud. Pourtant, la casserole du milieu est toujours à la même température...

Un système nerveux adapté aux changements brusques...

Ce phénomène est dû au fait que notre système nerveux est prévu pour détecter des brusques variations de températures, qui peuvent facilement se révéler mortelles. Chacun a eu l'occasion de tester l'importance de ce mécanisme de survie : que nous arriverait-il si nous n'étions pas capable de détecter instantanément que l'eau dans laquelle nous venons de mettre le doigt est bouillante?

... mais qui montre ses limites face aux dangers graduels

Mais la performance tout à fait exceptionnelle de notre système nerveux quand il s'agit de détecter des changements brusques nous rend aussi beaucoup moins aptes à détecter les même variations si elles sont graduelles. Nous aurons ainsi tendance à nous brûler si nous avons commencé à tremper notre doigt dans de l'eau en train de chauffer alors que celle-ci était encore tiède.

Cette caractéristique de notre organisme nous rend vulnérables aux dangers qui se manifestent de façon progressive. Face à une menace comme le réchauffement climatique, il nous est ainsi relativement naturel de ne pas réagir, faute de parvenir à percevoir le changement suffisamment rapidement.

La complexité croissante des sociétés humaines met aujourd'hui notre espèce face à de nouveaux défis, fort différents de ceux qu'elle a dû relever par le passé, et de ce fait plus difficiles à percevoir. Cette complexité est le fruit d'une extraordinaire capacité d'adaptation et d'inventivité. Il nous reste aujourd'hui à démontrer que nous sommes capables d'utiliser ces qualités pour dépasser nos limites biologiques. Notre avenir en dépend.

jeudi 28 juin 2007

L'optimisme trompeur des rapports du GIEC?

Un mouton noir...

James Hansen a l'habitude d'être traité d'alarmiste. Voici en effet plus de trois décennies qu'il manifeste, avec une obstination très Midwest, son inquiétude face aux conséquences du réchauffement climatique, s'attirant régulièrement les foudres de ses collègues climatologistes.

L'homme n'est pourtant pas né de la dernière pluie. Directeur du Goddard Space Flight Center de la NASA, il collectionne depuis des années les publications dans des revues scientifiques aussi prestigieuses que Science. Mais voilà : ses déclarations, souvent privées de la traditionnelle prudence scientifique (ses fameuses "99% de certitude" de l'existence du réchauffement climatique devant le Sénat en 1988, par exemple), agacent ses collègues autant qu'elles réjouissent les journalistes.

... dont la position fait des émules

Pourtant, si j'en crois un article paru dans Science il y a deux semaines, les climatologistes qui rejoignent les rangs de l'alarmiste de la première heure sont aujourd'hui de plus en plus nombreux. Leur constat est simple : le GIEC, en prenant la décision de ne baser ses conclusions que sur les prédictions de modèles, donne une image trompeusement optimiste de la situation dans laquelle nous nous trouvons.

Les limites de la modélisation

Cet aspect est parfaitement illustré par le débat actuel sur la montée du niveau des océans au cours du 21ème siècle. Selon le dernier rapport scientifique du GIEC, publié en février 2007, le niveau de la mer ne devrait monter en moyenne que de 0,34 mètres au cours du prochain siècle. Mais cette estimation ne tient pas compte d'effets encore mal connus scientifiquement et qui ne peuvent en conséquence pas être modélisés.

Parmi eux, on trouve la désintégration tout à fait imprévue en 2002 de la saillie glaciaire Larsen B, dans l'Antartique ouest, qui a amené brutalement la communauté scientifique à réaliser que l'on avait peut-être surestimé la résistance des calottes glaciaires au réchauffement.

On constate également que les observations sur le terrain sont depuis des années situées systématiquement dans la limite supérieure des prédictions du GIEC, à commencer par les émissions de gaz à effet de serre. Ceci est probablement dû au fait qu'il est beaucoup plus difficile d'avancer des chiffres précis pour des problèmes de grande ampleur et à évolution très rapide que pour des problèmes locaux qui évoluent lentement.

Enfin, on trouve parmi ces aspects non modélisables les données récoltées au fil des années par les paléoclimatologistes et les géologistes, qui montrent que le niveau des océans il y 120 000 ans était 4 à 6 mètres plus élevé qu'aujourd'hui, pour une température moyenne de la Terre seulement 1°C plus chaude (température que nous pourrions d'ailleurs atteindre d'ici la fin du siècle). Ces hauteurs ont certes été atteintes en des millénaires de fonte des glaces. Mais tout de même... un tel écart est troublant.

Alors, alarmiste, Hansen?

Sources :
Pushing the Scary Side of global Warming, de Richard E. Kerr. Science, 8 June 2007.
Thin Ice, de Mark Bowen

mercredi 27 juin 2007

La grande erreur de calcul de l'Ouest américain


Photo : Lone tree and irrigated field, Ian Parker

L'autre Amérique

"La Californie? c'est quasiment un autre pays".

J'ai entendu cette phrase très souvent depuis mon arrivée à Boston. Généralement, elle est suivie d'un regard las vers la fenêtre, puis d'une longue explication sur les raisons pour lesquelles mon interlocuteur n'aime pas pelleter la neige pendant plusieurs mois chaque année (opinion qui me parait surprenante, car venant de personnes à priori susceptibles d'apprécier la rare possibilité de combiner gratuitement et utilement la séance de musculation avec le plein air).

Il faut toutefois reconnaître que question climat, la Californie et la côte ouest en général appartiennent effectivement à un autre pays. Un pays qui correspond dans l'imaginaire collectif à une plus grande douceur de vivre, associée au soleil, aux vignobles et à un certain hédonisme. Et pourtant... Si j'en crois les dernières recherches climatologiques menées sur l'Ouest américain, la douceur de vivre californienne risque fort de se transformer en cauchemar.

Le talon d'Achille de l'Ouest américain

Le problème de la Californie, comme celui de tout l'Ouest américain, c'est l'eau. Dans toute cette région, 90% des précipitations sont en effet reçues en hiver, essentiellement sous forme de neige, qui s'accumule sur les montagnes de la chaîne des Rocheuses. Au printemps, la fonte des neiges entraîne un brusque apport d'eau en plaine. Puis vient la longue période estivale, marquée dans tout le Sud-ouest par une forte sécheresse.

Face à ce déséquilibre peu propice, les habitants des Etats de l'Ouest ont procédé pendant toute la première moitié du 20ème siècle à une série d'aménagements fluviaux, allant du détournement des rivères à la construction d'aqueducs ou de grands barrages, de façon à s'assurer un accès à l'eau pendant la période estivale. Ces aménagements, parfois pharaoniques, comme le gigantesque lac Powell, qui retient l'eau du Colorado, ont permis aux Etats du Pacifique et des montagnes Rocheuses d'absorber plus de 60 millions de personnes depuis les années 30, soit 1/5ème de la population américaine. Encore aujourd'hui, leur croissance démographique est la plus élevée du pays.

La fin de la période bénie?

Malheureusement, ce développement semble avoir reposé sur une imprévisible erreur de calcul. Selon les scientifiques, le 20ème siècle a en effet été dans cette région la 3ème ou 4ème période la plus humide des dernières 4000 années. Ceci revient à dire que le climat habituel du Sud-ouest est en moyenne beaucoup plus sec que celui dont ont profité les habitants de la région pendant les cent dernières années. Et il semble que celà commence à se sentir.

Depuis 1999, le Sud-ouest américain est confronté à une sécheresse ininterrompue, qui a vidé le lac Powell aux deux-tiers, amené plus de 400 000 hectares de forêts à partir en fumée en 2002 et réveillé les vieilles querelles pour l'accès à l'eau entre agriculteurs et citadins. Un évènement isolé? Pas si sûr.

Les derniers modèles climatologiques (qui ne prennent pas en compte la possibilité de sécheresse à long terme comme celle que l'Ouest traverse actuellement) prévoient en effet une augmentation moyenne de la température de la région de 2 à 8°C au cours du 21ème siècle. Dans l'hypothèse basse, il est estimé que les réserves d'eau de la Californie pourraient diminuer d'1/3 d'ici 2060 et de moitié d'ici à 2090. Jusqu'ici, je n'ai pas trouvé de prédictions sur les conséquences de l'hypothèse haute...

De telles perspectives sont évidemment dramatiques pour la Californie. Elles expliquent sans doute le niveau d'engagement de l'Etat dans la lutte contre le réchauffement climatique. Mais son action, encore isolée et qui débute à peine, suffira-t'elle vraiment à freiner la croissance continue des émissions de gaz à effet de serre rejetée dans l'atmosphère?


Source : Thin Ice, Unlocking the secrets of Climate in the World's Highest Mountains, de Mark Bowen.

Photo : http://parkerlab.bio.uci.edu/nonscientific_adventures/escalante_utah.htm

mardi 26 juin 2007

Le scepticisme climatique en Amérique / Climate scepticism in America

En surfant sur internet, je suis tombée il y a quelques temps sur le blog du Dr. Stephen Nodvin. Le Dr. Nodvin est Directeur de l'Ecole d'Arts et de Sciences du Mount Ida College, localisé dans le Massachusetts, et professeur associé en sciences naturelles dans le même établissement. Voici sa vision de l'évolution du discours des "sceptiques climatiques" américains.

Traduction : Il n'y a pas de réchauffement climatique.
La personne prise pour cible sur ces images est un chercheur en sciences environnmentales de l'Université de Virginie et un contributeur aux rapports du GIEC. Le Dr. Patrick Michaels est membre de l'Institut Cato, un groupe d'experts proche du parti républicain. Il est connu pour son scepticisme climatique (qui n'est peut-être pas complètement étranger à ses sources de financement...)
Traduction : La terre se réchauffe, mais c'est un phénomère naturel. Il n'y a pas de preuve que les humains en sont responsables.
Traduction : Nous savons depuis des années que la Terre se réchauffe à cause des activités humaines, mais on ne peut rien y faire!
Traduction : Blup. Allo?


English version:


As I was surfing on internet some days ago, I discovered Dr. Stephen Nodvin's blog. Dr. Nodvin is the Director of the School of Arts and Sciences of Mount Ida College in Massachusetts, as well as an associate professor in natural sciences there. He kindly allowed me to use some images found on his blog, that describes the evolution of the climate deniers' speech in America.

Dr. Patrick Michaels, the target of these caricatures is an environmental science researcher at the University of Virginia. Dr. Michaels is a contributing author to the IPCC reports and a member of the Cato Institute, a think-tank close to the Republican party. Dr. Michaels' "climate scepticism" is well-known in the US, though it might be partly due to his financing sources.

vendredi 22 juin 2007

Le grand mystère de l'eau en bouteille

Aujourd'hui, je voudrais vous faire part mon émerveillement face à l'un des paradoxes de ce début de 21ème siècle, qui intrigue les analystes depuis quelques années. Il s'agit du grand mystère de l'eau en bouteille, qui touche aussi bien les Etats-Unis que la France.

Voici ce dont il s'agit : selon un rapport publié par l'Earth Policy Institute en 2004, la consommation mondiale d'eau en bouteille a augmenté de 57% entre 1999 et 2004, atteignant le chiffre de 154 milliards de litres. Bien que les plus gros consommateurs mondiaux étaient à cette date les Américains (26 milliards de litres), les auteurs du rapport ont constaté que la consommation individuelle était particulièrement élevée en Europe occidentale : Italie (184 litres par an), France et Belgique (145 litres par an) et Espagne (137 litres par an).

Pourquoi cet engouement? Quelques points pour vous éclairer :
  • En France, en 2004, le litre d'eau en bouteille coûtait en moyenne 0,5€. A Paris, à la même date, un litre d'eau du robinet coûtait en moyenne 0,0025€, soit 200 fois moins.
  • La qualité de l'eau du robinet française est l'une des plus élevée au monde.

  • 40% de l'eau embouteillée dans le monde est en fait de l'eau du robinet à laquelle on a rajouté des minéraux (ce qui en passant témoigne une nouvelle fois de la qualité de cette dernière). Le Sénat français recommande d'ailleurs de changer régulièrement de marque d'eau embouteillée, pour éviter d'accumuler de trop grandes quantités des mêmes minéraux dans l'organisme.
  • Presque 25% de l'eau embouteillée mondialement doit traverser au moins une frontière pour parvenir à sa destination finale. Ceci implique évidemment du transport.
  • Le composé le plus couramment utilisé pour produire des bouteilles en plastique est le polyéthylène térephtalate (plus connu sous le doux nom de PET), un dérivé du pétrole brut. La production de bouteilles en plastique pour le seul marché français a nécessité en 2004 environ 500 000 barils de pétrole. Avec ce pétrole, on aurait pu aussi, si on l'avait voulu, faire rouler 33 460 voitures américaines (on se souviendra que la consommation d'essence des voitures américaines n'est pas des plus économique).
  • On ne nous le signale pas trop, mais la fabrication de bouteilles en PET implique l'ajout de nombreux additifs chimiques. Avec le temps, ces additifs ont tendance à migrer vers les milieux liquides, comme ... l'eau à l'intérieur de la bouteille. Si la bouteille que vous achetez a passé quelques mois dans des zones de stockage, il y a donc fort à parier que vous avalez avec votre eau une quantité indéterminée d'additifs qui n'ont pas du tout été prévus pour la consommation humaine.
  • Enfin, il est peut-être utile de rappeler qu'un milliards de personnes dans le monde souffrent aujourd'hui d'un déficit en eau potable...
Pour résumer : voilà donc un produit excessivement cher par rapport à la concurrence, dont le coût énergétique est disproportionné et dont l'impact sur la santé paraît douteux. Pourtant, sa consommation ne cesse d'augmenter. Avouez qu'il y a tout de même de quoi s'émerveiller!

Je crois bien que je vais continuer à boire l'eau du robinet.


Source photo : http://blog.case.edu/james.chang/2007/06/29/bottledwater.jpg

The real cost of plastic bags

The overwhelming plastic bags

I have been back in
North America for several months now, but I still feel uncomfortable with the battle that I have to fight almost every day against plastic bags. Do I forget that issue during a short second while paying at the pharmacy? I’ll go out with three plastic bags wrapped around my shampoo. Do I start discussing the weather with the cashier at the grocery store? I’ll find myself with two plastic bags for each of the products I bought. If I say from the start that I don’t want them, I can still be sure that I’ll find my eggs and my milk carefully packed inside two plastic bags each.

In the US, as was the case until very recently in France, the plastic bag is the common currency of any commercial transaction. If you have a look at the Reusablebags website, you’ll learn that, according to the Wall Street Journal, Americans consume around 100 billions plastic bags a year. If one takes into account any kind of plastic bags and wraps, as the EPA does, then this number skyrockets to 380 billions a year. No wonder then that people have difficulties understanding why I don’t want to fill my closets with them!

San Francisco's groundbreaking decision

But it seems that there actually are people in America who do care about the plastic bags problem. I have just discovered while looking at an old issue of the Christian Science Monitor that San Francisco has decided last March to ban all kind of non-reusable bags from its retail stores and pharmacies, thereby eliminating around 90% of them. Such a decision is really a first in the United States, and San Francisco had indeed very good reasons to take it, as it is facing an increasing scarcity of landfills and experiences little recycling success: in spite of a decade of efforts, only 1% of the plastic bags in the Bay Area do have a second life, a ratio comparable to any other place in the United States (incidentally, this might sound like a failure, but for the tax-payers, this is actually a reason to be relieved, as the recycling of a ton of plastic bags has a net cost of almost 4000$).

A potential climate asset...

Aside from its economical advantages, San Francisco’s decision could also turn out to be a real asset in the fight against global warming. Here are the facts: the city consumes 181 millions plastic bags a year. The decision to eliminate them will spare the use of 430 000 gallons of oil per year, an amount that could permit the circulation of 140 000 more cars each day. Isn’t that quite impressive? Just imagine what would happen if every town in the United States followed that decision. That would diminish the US greenhouse gases emissions to an amount equivalent to taking 77 millions cars off the road each day!

... which could also turn out to be catastrophic

However, the plastic bags’ ban could also have catastrophic consequences on San Francisco’s emissions, depending on whether the retailers choose paper bags or starch bags to replace them. Paper bags, though clearly less expensive than starch bags (whose price has been rising steadily because of the pressure put by the ethanol demand on corn market), are also very energy consuming: according to the Society of Plastics Industry, it takes four times more energy to produce a paper bag than to produce a plastic bag. And as paper bags are made of wood pulp, an increase in their production would also imply more forest cutting. Evidently, such an eventuality is not very welcome in a time when we badly need the carbon wells graciously provided by temperate forests…

Is San Francisco’s decision a good or a bad news then? It is still difficult to say. But I wouldn’t be surprised if now was the perfect time to launch a business that would sell some of the wheeled reusable-bags that have become an increasingly common sight in Paris during the last year…

mercredi 20 juin 2007

Encombrants sacs plastiques...

La passion du plastique

Voilà quelques mois maintenant que je suis aux Etats-Unis et l'une des choses à laquelle je n'arrive pas à me (ré)habituer est la guerre incessante que je suis obligée de mener contre les sacs et emballages plastiques. Une seconde d'inattention à la caisse de la pharmacie? Je ressors avec 3 sacs plastiques autour de mon malheureux shampooing. Un début de discussion avec la caissière au supermarché? Me voilà avec 2 sacs plastiques pour chacun de mes articles. Je précise par précaution au début de la conversation que je n'en veux pas? Je retrouverai quand même mes oeufs et mon lait enveloppés chacun très soigneusement dans 2 sacs plastiques.

Ici comme ailleurs, l'emballage plastique est la devise indispensable à une bonne transaction commerciale. Sur le site de Reusablebags, on apprend ainsi que les Américains en consommeraient selon le Wall Street Journal plus de 100 milliards par an. Si l'on tient compte de tous les emballages plastiques, ce chiffre monterait selon l'Environmental Protection Agency à 380 milliards par an. On comprendra dans ces conditions que mon refus de remplir mes placards de cette monnaie encombrante (car théoriquement non acceptée par le service des ordures, il y a des sacs plastiques spéciaux _et payants_ pour ça) se heurte à une certaine incompréhension!

Une décision inédite à San Francisco...

Pourtant, j'ai découvert aujourd'hui en ouvrant un vieux numéro du Christian Science Monitor que je ne suis pas la seule à déplorer l'omniprésence des emballages plastiques. La ville de San Francisco a en effet décidé en mars dernier de bannir l'usage des sacs non-biodégradables dans l'ensemble des supermarchés et des pharmacies de la ville, qui distribueraient selon ses estimations 90% des sacs. Cette décision est une première aux Etats-Unis. Si San Francisco l'a prise, c'est avant tout parce que la ville fait face à un vrai manque d'espace pour la mise en place de nouvelles décharges publiques et que son programme de recyclage des emballages, mis en place il y a une dizaine d'années, n'a pas porté ses fruits : ici comme ailleurs aux Etats-Unis, seuls 1% des emballages plastiques seront réutilisés (ce qui en passant est une très bonne chose pour le contribuable, puisque recycler une tonne de sacs plastiques représente un coût net pour la collectivité de près de 4000$, soit un peu moins de 3000€).

... qui présente des "avantages climatiques"...

La décision prise par San Francisco a également un intérêt en terme de lutte contre le réchauffement climatique. Voici les faits : chaque année, la ville consomme 181 millions de sacs plastiques. Leur élimination va permettre d'économiser plus de 1,6 millions de litres de pétrole. Avec une telle quantité de carburant, on pourrait faire rouler 140 000 voitures par jour en plus. Impressionnant, non? Je me prends à imaginer ce qui se passerait si une telle mesure était étendue à l'ensemble des Etats-Unis... D'après mes calculs, celà reviendrait à diminuer les émissions américaines de l'équivalent de 77 millions de voitures.

... mais aussi des inconvénients potentiels!

Toutefois, la décision de San Francisco peut aussi se révéler négative pour le climat. En effet, l'impact réel de cette mesure dépendra beaucoup de l'alternative qui va être choisie par les grandes surfaces de la ville. Si ces dernières préfèrent distribuer des sacs en papier plutôt que des sacs biodégradables en amidon, dont le coût a passablement augmenté ces derniers mois à cause de la pression que fait peser la demande en éthanol sur les cours du maïs, cette mesure pourrait même se révéler catastrophique. En effet, selon la Society of the Plastics Industry, il faut quatre fois plus d'énergie pour produire un sac en papier qu'un sac en plastique. Par ailleurs, les sacs en papier sont obtenus à partir de la pulpe de bois (leur production est donc dépendante de la coupe de forêts) et il semble peu raisonnable aujourd'hui de promouvoir la coupe massive des forêts tempérées, qui servent très utilement de puits pour une partie du carbone que nous rejettons dans l'atmosphère...

Alors, bonne ou mauvaise nouvelle? L'avenir nous le dira. Mais je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il y a peut-être un avenir brillant à San Francisco pour ces "cabas à roues" devenus si courants à Paris (si quelqu'un connait leur nom exact, je suis preneuse). A bon entendeur...

mardi 19 juin 2007

Et si le régime démocratique était incapable de gérer le problème climatique?


Caricature de Clay Bennett

E pluribus unum...

"La démocratie n'est pas armée pour mener des guerres à long terme". C'est ainsi que le Christian Science Monitor résume la "cacophonie climatique" qui règne actuellement à Washington, remarquant avec une certaine amertume que les intérêts individuels ne sont pas forcément compatibles avec les intérêts d'une nation.

Il faut reconnaître que la situation actuelle amène à s'interroger. Alors que les Démocrates, forts de leur majorité, réfléchissent tant bien que mal à une ou plusieurs solution(s) pour réduire les émissions de gaz à effet de serre nationales, les divergences de priorités individuelles éclatent au grand jour.

Quel point commun y-a t'il en effet entre le Michigan, qui lutte bec et ongle pour sauver une industrie automobile mal en point, et la Californie, éprouvée par une sécheresse catastrophique, et dont la population s'inquiète des conséquences d'un monde plus chaud? Ou entre le lobby du charbon, qui milite activement pour la mise en place de subventions favorisant la production de charbon liquide en tant que carburant, et certains juristes de Washington, qui souhaitent quant à eux que toutes les centrales du pays produisent au moins 15% d'énergie renouvelable? Ou entre la position anti-nucléaire d'associations environnementales comme GreenPeace et celle de ces mêmes juristes?

... valable uniquement en temps de crise bien perceptible par l'opinion?

Il n'est pas facile d'obtenir un consensus dans un pays de 300 millions d'habitants. Il est encore plus difficile d'obtenir un consensus qui corresponde aux intérêts réels de la nation. Malgré une réelle prise de conscience, le public américain n'est aujourd'hui pas vraiment alarmé par le problème du réchauffement climatique ; selon un sondage réalisé en juillet 2006 par le Pew Research Center, seuls 19% des Américains se disent "très inquiets face au réchauffement climatique", soit un niveau d'inquiétude uniquement comparable à celui des Chinois. Il faudra encore du temps avant qu'une volonté publique claire parvienne à contrebalancer les intérêts particuliers des uns et des autres.

D'ici là, les politiciens, élus par et pour le peuple, continueront à se disputer sur la nécessité d'informer ou non les écoliers américains de l'impact environnemental négatif résultant de la circulation de bus vides (le projet de loi ne prévoit à priori pas d'intégrer les camions vides à cette intéressante séance d'information). Au moins, comme le fait remarquer ironiquement le Christian Science Monitor, les juristes de Washington ne peuvent pas vraiment empirer la situation...

vendredi 15 juin 2007

Discussion économique autour d'un café... (2)

Retour à cette soirée de discussions dans le Caffé dello Sport. Je vous ai donné hier l’opinion de notre vis-à-vis, ingénieur des Ponts et Chaussées en stage au MIT. Voici pourquoi nous ne sommes pas d'accord avec ce raisonnement.

1) Pourquoi 10 ans? C'est un délai arbitraire, non? Nous pourrions prendre 20 ans. Comme ça, on aurait le temps d'accumuler encore plus de bénéfices à réinvestir dans la lutte contre le changement climatique. Et quand nous arriverions à la date fixée, il nous suffirait de reconduire le raisonnement pour deux autres petites décennies (ou plus, ne soyons pas mesquins)...

2)
Depuis des décennies, l'économie mondiale montre une tendance à dépendre de plus en plus fortement des énergies fossiles. C'est leur abondance et leur faible coût qui permet la mondialisation, l'agriculture intensive, l'augmentation du nombre de supermarchés, le tourisme de masse, etc... A priori, cette tendance n'a pas de raisons de s'inverser dans la prochaine décennie, surtout avec le développement de pays comme la Chine ou l'Inde. On peut donc déduire sans prendre trop de risques que l'économie mondiale sera encore plus dépendante des énergies fossiles dans 10 ans. Il sera donc encore plus difficile (et coûteux) de réduire nos émissions à ce moment là.

3)
Cet aspect ne semble pas forcément très bien pris en compte par les économistes, mais les réserves de charbon, pétrole et gaz naturel sont limitées. Il parait donc raisonnable de dire que la décarbonisation de l'économie n'est à moyen terme pas une option, mais bel et bien une obligation. Nous n'avons pas aujourd'hui (et nous n'aurons pas plus dans 10 ans) de solutions techniques qui nous permettent de vivre sans énergies fossiles. Compte tenu de leur facilité d'utilisation et de leur faible coût, il n'y a d'ailleurs pas vraiment d'incitation aujourd'hui à réfléchir à un plan B. C'est pourquoi il est indispensable de rendre l'usage de ces ressources un peu moins facile si l'on souhaite enclencher une vraie réflexion pour trouver une solution à cet épineux problème. En l'occurence, plus vite on s'en occupe, plus on a de chance d'y arriver.

4)
L'un des aspects qui suscite le plus d'inquitétude dans la communauté scientifique en ce moment, c'est le fait qu'il semble que la réaction du climat à la hausse de la concentration de gaz à effet de serre (GES) dans l'atmosphère ne soit pas linéaire. En d'autres termes, au delà d'une certaine concentration de GES, le réchauffement provoqué favorise encore plus de réchauffement. Par exemple, le dégel du permafrost permettrait la libération dans l'atmosphère de très grandes quantités de carbone, jusque là stockées dans le sol, ce qui augmenterait encore le réchauffement climatique potentiel... Une étude récente publiée par une équipe internationale souligne ainsi qu'il semble urgent de réduire les émissions si l'on veut éviter un tel scénario. Face à de telles conclusions, une attente de 10 ans n'est-elle pas irresponsable?

Au fond, cette discussion n'est que le reflet d'un débat qui fait rage entre économistes en ce moment. Il a été déclenché de façon assez inattendue par les conclusions d'un économiste anglais, Nicholas Stern, au début de l'année. Et vous dans tout ça, quelle est votre opinion?

Première partie (l'opinion de l'ingénieur des Ponts) :
Discussion économique autour d'un café... (1)

jeudi 14 juin 2007

Discussion économique autour d'un café... (1)

Les joies du rendez-vous italien

Nicolas et moi, nous adorons trouver des prétextes pour aller boire des espresso dans les petits cafés à deux pas de chez nous. Il faut dire que ce sont les seuls endroits de la ville où a) on peut trouver des vrais cafés à l’italienne et b) on peut assister à des disputes colorées en anglo-italien entre les supporters de l’équipe de foot de Milan et celle de Rome.

Il y a quelques temps, nous avons ainsi donné rendez-vous au Caffé dello Sport à un ingénieur des Ponts et Chaussées, en stage au MIT. D’après ce que j’ai compris, son stage porte (accrochez-vous bien) sur la détermination de la politique énergétique mondiale la plus rentable à mettre en place pour lutter contre le changement climatique. Apparemment, il s’agit de faire tourner un modèle avec des tas de paramètres, qui vous dit « si vous faîtes ça, ça va coûter tant », etc… Je simplifie, mais croyez moi, ça avait l'air extrêmement compliqué.

Initialement, ce rendez-vous était censé nous permettre d’en apprendre plus sur les différentes politiques énergétiques disponibles et nous renseigner sur celles qui avaient le plus de chances d’être adoptées. Je ne vais pas vous le cacher plus longtemps, nous n’avons jamais discuté des politiques énergétiques. En fait, nous nous sommes heurtés d’entrée de jeu à un désaccord de fond, qui portait sur le calendrier de mise en place desdites politiques.

Pourquoi limiter nos émissions aujourd'hui n'a pas d'intérêt...

L’opinion de ce futur haut fonctionnaire était la suivante (que les économistes parmi vous me corrigent si mon explication n’est pas 100% pertinente, c’est ce que j’ai compris en tant que profane) : il ne sert à rien de mettre en place des mesures de réduction des gaz à effet de serre tout de suite. En fait, il vaut beaucoup mieux y réfléchir posément et mettre en place la mesure que l’on jugera la plus appropriée dans 10 ans.

Pourquoi ? C’est la question que je me suis posée et voici la réponse : si l’on veut obtenir une vraie réduction des émissions, il faudra mettre en place une mesure contraignante, qui aura un impact négatif sur l’économie mondiale. Or, de toute façon, le mal est fait. Le réchauffement que nous observons maintenant est dû à des gaz à effet de serre rejetés dans l’atmosphère il y a plusieurs décennies. De la même façon, ceux que nous rejetterons au cours des 10 prochaines années n’auront un impact sur le climat que dans quelques décennies. Qui peut prédire les avancées technologiques d’ici là ? Peut-être même que nous pourrons les éliminer ? Tenter de réduire nos émissions futures a donc l’effet suivant :

1) nous limitons notre croissance économique

2) nous ne verrons pas la différence

...et pourquoi il vaut bien mieux attendre un peu

A l’inverse, si nous ne tentons pas de réduire nos émissions, nous obtenons le résultat suivant :

1) nous soutenons la croissance de l’économie mondiale, croissance qui va générer des bénéfices que nous pouvons déposer sur un compte en banque et faire fructifier en prévision de la mise en place de mesures vraiment efficaces de réduction des émissions dans dix ans.

2) cela ne changera rien au climat que nous connaîtrons dans dix ans.

Il suit de ce raisonnement qu’il est beaucoup plus rentable économiquement de n’entamer des actions que dans quelques années. Pourquoi nous n'étions pas d'accord dans le prochain article.

Source photo : Nicolas

Second article (notre opinion) : Discussion économique autour d'un café... (2)

La croisade de "l'ex-futur Président des Etats-Unis"

La grande découverte d'An Inconvenient Truth : Al Gore

Pour Stephen Nodvin, directeur de la Faculté d'Arts et de Sciences du Mount Ida College et professeur en sciences naturelles dans cette même université, la "vérité dérangeante" d'Al Gore n'est pas une véritable surprise. Docteur en écologie, voilà des années qu'il essaie lui même d'expliquer les causes et les effets du changement climatique à un public varié, en commençant par ses étudiants.

"Ce qui m'a impressionné lorsque j'ai vu An Inconvenient Truth pour la première fois, c'est la facilité apparente avec laquelle Al Gore était parvenu à résumer en une heure et demie ce qui me prend généralement plus de trois semaines à expliquer à mes étudiants. En plus, ses graphes sont bien meilleurs que les miens!", m'explique-t'il lors d'un entretien téléphonique.

Stephen n'est pas le seul à avoir été impressionné par la clarté d'Al Gore. Lors de la sortie d'An Inconvenient Truth, l'Amérique toute entière a découvert un politicien charismatique, bien loin du candidat "ennuyeux" à la Présidentielle dont elle gardait le souvenir. Et pour cause : M. Gore a longuement planché sur la manière de faire passer un message complexe à un public extrêmement volatil. "Le seul fait de faire un film fait partie de cette logique, me raconte ainsi Stephen. Al Gore sait que c'est l'une des meilleurs façons d'avoir l'attention du public américain".

Un message qui doit encore être diffusé

Mais malgré le succès du documentaire (20 millions de $ d'entrées, deux nominations aux Academy Awards et une très grosse couverture médiatique), Al Gore a conscience que son film n'a pas permis de toucher l'ensemble de la population américaine. Il existe encore des régions entières d'Amérique, en particulier dans le Midwest, qui n'ont pas reçu son message. Ce message, un documentaire n'a pas pu l'apporter. Qu'importe ! Depuis le début de l'année, Al Gore recrute une armée pour le diffuser en personne à travers toute l'Amérique.

Stephen fait partie de la "cavalerie" du Climate Project. Comme 1000 autres candidats, il a été recruté pour donner la présentation du film dans sa région, le New Hampshire. Les candidats, qu'ils soient femmes au foyer ou scientifiques, ont participé à une session d'entrainement de deux jours et demis avec Al Gore, pendant laquelle ce dernier a repris pas à pas les explications scientifiques de son film, expliquant pourquoi il les avait présentées de cette manière. Les "messagers climatiques" se sont ensuite engagés à présenter le diaporama du film au moins dix fois au cours de la prochaine année. Pour beaucoup, cet objectif devrait être atteint facilement, car le temps presse : l'appel de l'ancien vice-président doit toucher le maximum de gens avant l'élection présidentielle de 2009. Car, comme le fait remarquer Stephen, "nous avons aujourd'hui toutes les technologies pour réduire substantiellement nos émissions. Tout ce qui nous manque, c'est de la volonté."

English Version : The crusade of the man who used to be the future President of the United States

mercredi 13 juin 2007

The crusade of the man who used to be the future President of the United States

The great discovery of An Inconvenient Truth: Al Gore

For Stephen Nodvin, director of the School of Arts and Sciences of Mount Ida College, Al Gore’s “inconvenient truth” is not a novelty. Holding a Ph.D. in ecology, this is actually something he has been explaining for years to various publics, including his own students.

“But what really got me impressed when I first saw the movie was the ability that Al Gore showed to explain in one hour and a half something that usually takes me more than three weeks to teach. Besides, his graphs were better than mine!”, Stephen tells me.

Stephen is not the only one who felt impressed by Al Gore’s clarity. With An Inconvenient Truth, America discovered a charismatic politician, far away from the “boring” Presidential candidate people used to remember. And no wonder why: since 2000, Mr. Gore has been working very seriously on the way to get a complex message to be heard by an easily distracted public. “The idea of making a movie is in itself part of this new approach, Stephen explains. Al Gore knows that one of the best ways to get the attention of the American public is to make a movie!”

A message that needs to be passed on further

But despite the unarguable success of the documentary, which grossed over $20 millions, earned two Academy Award nominations and received a broad Media coverage, Al Gore realizes that his movie did not reach everyone in America. There still are large areas, especially in the Midwest, that have not received the message. Since the beginning of the year, Al Gore is therefore recruiting an army of volunteers, who will pass it on in person.

Like a thousand others, Stephen is part of the Climate Project « cavalry ». He has been recruited to give the movie’s presentation in his region, New Hampshire. The volunteers, ranging from housewives to scientists, have all taken part in a two-days and a half training session, during which Al Gore has been explaining step by step the scientific background of his movie and why he chose to present it in this way. The “climate messengers” have all agreed to give the presentation at least ten times this year. For many of them, this objective should be easily reached, as they know that the time is now running short: the ex vice-President’s call must be heard before the presidential elections of 2009. As Stephen notices, “we have today all the technology we require to reduce substantially our greenhouse gases emissions. All that we need is the will to do it.”

Version Française: La croisade de l'ex-futur Président des Etats-Unis

mardi 12 juin 2007

La bataille du lobby automobile

La guerre médiatique du lobby automobile

"Tu veux acheter un pick-up? Tu sais ce que le Congrès envisage de faire? Ils veulent imposer des limitations énergétiques aux camions et aux 4*4, comme celles qui existent déjà pour les voitures. Tu vas voir, ça va faire vraiment faire monter les prix!" C'est ainsi que se termine une récente publicité télévisée de 30 secondes diffusées par l'Alliance of Automobile Manufacturers dans 10 Etats particulièrement friands en véhicules utilitaires et reportée par Business Week dans son dernier numéro.

Des régulations devenues inévitables

Cette publicité est un nouvel épisode de la bataille du lobby automobile face à la menace grandissante de régulations énergétiques qui pèse sur les véhicules utilitaires américains. Pourtant, il est difficile de nier qu'une telle régulation est devenue indispensable. La dernière loi visant à augmenter l'efficacité énergétique des véhicules date de 1975 et les standards appliqués (qui ne ne concernent pas les véhicules utilitaires et sont d'une manière générale dépassés) n'ont presque pas bougé depuis 1985. Les Etats-Unis sont à la traîne, très à la traîne même, en matière d'efficacité énergétique de leurs véhicules, ce qui nuit à leur compétitivité internationale.

Mais pour les géants de l'automobile américains, la compétitivité internationale n'a aujourd'hui pas beaucoup d'importance face à la perte potentielle d'un de leur marché les plus lucratifs : les véhicules utilitaires. Pour contrer cette menace, le lobby automobile mène depuis des mois une guerre médiatique.

De la victimisation...

Tout en clamant sa volonté de protéger l'environnement, l'Alliance of Automobile Manufacturers (qui regroupe General Motors, Ford, DaimlerChrysler, BMW et Toyota) se plaint ainsi sur son site internet d'être "le seul secteur de l'économie américaine à subir des contraintes en terme d'émissions de carbone". Une telle situation est évidemment intolérable, puisque "le problème du changement climatique est un problème qui n'a pas une seule cause directe". L'avis du lobby automobile est clair : le Congrès devrait commencer par promouvoir des technologies "propres" comme l'éthanol avant de persécuter l'industrie automobile.

... à la désinformation

Les constructeurs américains avancent également l'argument sacro-saint aux Etats-Unis de la liberté de choix du consommateur : "si nous devons augmenter l'efficacité énergétique des véhicules, nous serons contraints d'en réduire la taille. Le consommateur ne sera plus libre de choisir en fonction de ses propres priorités", annonce ainsi un autre spot télévisé.

Il est toutefois regrettable que lesdites "priorités" semblent reposer en partie sur de la désinformation. Selon Business Week, les ventes des très polluants véhicules utilitaires sont restées stables ces dernières années (autour de 28%), alors même qu'il apparait que 98% de ces véhicules ne sortiront jamais des routes goudronnées et que le prix du carburant ne cesse de grimper. Cette loyauté semble due à la croyance très répandue que la conduite d'un véhicule utilitaire est plus sure. Or, d'après un article publié dans le New Yorker en 2004, rien n'est plus faux. Les conducteurs de la Ford Explorer, le 4*4 le plus vendu aux Etats-Unis, courent 88 risques sur un million de mourir dans un accident de voiture, alors que le risque est plus de deux fois moindre pour les conducteurs d'une voiture de taille moyenne comme la Toyota Camri. Cette différence est liée au fait que le conducteur de la Toyota Camri, conscient de sa vulnérabilité face à des véhicules deux fois plus lourds, sera tout simplement plus prudent. Voilà une "priorité" que les constructeurs semblent curieusement avoir oublié de mentionner...

Sources :

Business Week,
June 11, 2007. Selling the SUV status quo.
The New Yorker, January 12, 2004. Big and bad.
Photo : http://img.netcarshow.com/Ford-Explorer_2006_1600x1200_wallpaper_01.jpg

lundi 11 juin 2007

A new recipe to curb U.S. emissions?


Europe should try to move to a more U.S.-style economic model

Workers from all around the world, here is a piece of news that might interest you! It looks like some researchers in Washington D.C. have found a new solution to curb the U.S. carbon emissions.

I have just read a report published by the Center for Economics and Policy Research. The report studies the impact of long working weeks on the global warming issue. As the authors, David Rosnick and Mark Weisbrot, rightly observe, there is a general transatlantic consensus that Europe needs to move to a more U.S.-style economic model, and especially needs to allow more labor market flexibility (i.e. allow less regulation of business, more latitude to fire employees...)

Americans work more than Europeans, but they also tend to consume more energy per unit of GDP

Yet, according to this study, such an evolution could have highly negative effects on the energy use in Europe. Here are the facts: in 2003, Americans worked in average 1817 hours a year, while their European counterparts work in average 1650 hours a year. At the same time, the energy consumption of the United States was around 0.27 kg of oil equivalent per dollar of GDP* in 2005, while the average European energy consumption was close to 0.21 kg of oil equivalent per dollar of GDP.

Longer working hours tend to increase the energy bill

In the authors' view, the higher energy use in the US per unit of GDP is due to the longer time spent at work. Their explanation is actually quite simple: when you work more, you've got less time. Therefore, you'll be more prone to avoid time-consuming activities (that also tend to consume less energy), like drying your laundry on a clothesline, cooking or walking to work.

With shorter working hours, Americans could reach the Kyoto targets

Assuming a constant energy efficiency (energy used per unit of GDP) and a constant productivity (GDP per hour of work), the authors calculated that if the workers in the U.S. had worked as much as people in the EU-15 in 2002, the country would have decreased its energy bill by 20%, and would have emitted 3% less carbon dioxide than in 1990, thus reaching easily the Kyoto targets...

Should we start reconsidering the classic economic theory in the light of the new global challenge we face?

* GDP : Gross Domestic Product ou Produit Intérieur Brut

Photo: Nicolas.

vendredi 8 juin 2007

G8 : ni noir, ni blanc

Caricature de Dan Perjovschi

L'improbable compromis climatique du G8

Après une semaine d'intenses spéculations médiatiques, j'ai constaté aujourd'hui avec surprise un relatif désintérêt de la presse pour l'issue des négociations climatiques qui se sont tenues ces derniers jours au sommet du G8 à Heiligendamm en Allemagne.

Le débat a pourtant fait rage au bord de la Baltique. Jusqu'au bout, les partisants d'une politique chiffrée de réduction des émissions et d'un début de réflexion sur la politique climatique internationale après 2012 (date d'expiration du protocole de Kyoto) ont semblé craindre que les Etats-Unis ne bloquent complètement les discussions. Le potentiel d'un dérapage diplomatique sur la question climatique a fait couler beaucoup d'encre des deux côtés de l'Atlantique.

Enfin un début d'engagement américain

C'est sans doute l'absence de dérapage qui explique la soudaine indifférence des médias. Le sommet s'est en effet conclu par un accord qui semble satisfaire les deux partis. Du côté européen, les journaux français et allemands vantent l'efficacité diplomatique d'Angela Merkel. Ils se félicitent du fait que les Américains ont pour la première fois accepté l'idée de participer à des négociations visant à mettre en place les fondations d'un nouvel accord climatique international pour succéder à Kyoto (on remarquera tout de même que cette participation théorique a été fixée à 2009, ce qui permet à M. Bush de terminer son mandat sans se mouiller les mains). Par ailleurs, les Etats-Unis ont déclaré jeudi qu'ils allaient "sérieusement considérer" le plan européen de réduction des émissions de 50% d'ici à 2050, ce qui ne les engage pas à grand chose.

... mais toujours pas d'objectifs chiffrés

Côté américain, on semble considérer (quand on en parle) que les Européens ont plié face à l'administration Bush, qui avait déclaré avant le sommet refuser catégoriquement la mention d'objectifs chiffrés de réductions des émissions dans le rapport final du sommet. Par ailleurs, les Européens ont accepté l'idée récemment formulée par le Président Bush de réunir les 15 plus grands émetteurs de gaz à effet de serre mondiaux afin de fixer des objectifs nationaux de réduction des émissions.

Et une diminution des capacités à observer le phénomène

Malgré leurs déclarations d'intention, les Etats-Unis ont-ils réussi à retarder leur engagement dans une coopération internationale sur la question climatique? Sans doute. Mais si l'on en croit le Christian Science Monitor et le Kansas City Star, l'Amérique sera bientôt contrainte de coopérer (au moins scientifiquement) avec l'Europe dans le cadre climatique. L'Associated Press vient en effet de déterrer un rapport confidentiel adressé à la Maison Blanche, qui avertit cette dernière des conséquences d'importantes réductions du budget satellites américain. La récente décision de focaliser les satellites nationaux sur la prévision météorologique à court terme devraient en effet obliger les scientifiques américains à dépendre des données récoltées par les Européens pour suivre l'évolution du changement climatique. Voilà qui ne manque pas de sel, venant d'une administration qui a toujours été une grande avocate du "mesurons avant d'agir"...

jeudi 7 juin 2007

Une vérité qui dérange

La vérité malvenue du documentaire d'Al Gore

"Je me suis sentie vraiment déprimée après avoir vu ce film". C'est ainsi que Betsy, une collègue de travail, m'a décrit le documentaire récompensé par deux oscars d'Al Gore, ancien candidat démocrate à la Présidentielle américaine.

Après l'avoir vu moi même, je comprends la réaction de Betsy. Le film, An Inconvenient Truth (Une Vérité qui Dérange) entraîne une prise de conscience douloureuse sur la question climatique. C'est un petit chef d'oeuvre de vulgarisation scientifique, qui laisse le spectateur face à des conclusions limpides et impossibles à éviter. Son message simple (il y a un réchauffement climatique rapide et c'est grave), appuyé par des graphes extrêmement clairs et le talent d'orateur d'Al Gore, a d'ailleurs créé une petite commotion aux Etats-Unis, facilitant l'apparition d'un nouveau questionnement au sein de la société américaine : si le réchauffement climatique est réel, quelles sont les solutions pour le résoudre?

Mais quelques raccourcis scientifiques et un optimisme excessif

Pourtant, malgré tous les atouts du documentaire, certains aspects de l'argumentation développée par Al Gore auraient à mon avis gagnés à être supprimés. Le film illustre ainsi longuement le réchauffement climatique par LA grande catastrophe naturelle apte à parler à un public américain, la destruction de la Nouvelle Orléans par l'ouragan Katrina. D'autres exemples de catastrophes naturelles récentes (les milliers de morts liés à la canicule européenne en 2003, par exemple) sont aussi utilisés comme "preuves" de la réalité du réchauffement climatique. Un tel raisonnement n'est évidemment pas valable. Il est impossible de démontrer une tendance à partir de quelques évènements isolés, c'est le principe même d'une moyenne.

J'aurais également aimé ne pas entendre citer l'apparition récente de cas de turberculose multirésistante comme une conséquence du réchauffement climatique, alors qu'il s'agit avant tout du résultat de notre consommation irréfléchie d'antibiotiques. Par ailleurs, illustrer l'impact du réchauffement climatique sur la disparition des espèces vivantes par des exemples comme le dodo ou le mammouth me semble un peu... hors-sujet!

Enfin, malgré l'opinion de Betsy, je trouve le film en tantinet trop optimiste. Annoncer, comme Al Gore le fait, que nous pouvons tous réduire notre consommation de carbone à zéro en réalisant quelques efforts relativement simples (remplacer nos ampoules classiques par des ampoules économiques ou changer de voiture, par exemple) me paraît pour le moins mensonger, dans la mesure où il n'y a pas pour l'instant de solution qui nous permettrait d'atteindre un tel résultat.

Un début de prise de conscience indispensable

Mais malgré ces remarques, An Inconvenient Truth reste un film qui mérite d'être montré, au moins pour favoriser l'apparition d'une prise de conscience collective. Comme le fait remarquer Al Gore, ce que nous considérons aujourd'hui comme allant de soi pourrait bien en effet ne plus être là pour nos petits-enfants. Et laisser une telle chose se produire sans réagir serait profondément immoral.


Sources:
Photo : http://samiam.com/uploaded_images/an-inconvenient-truth-702835.jpg

mercredi 6 juin 2007

On dirait le Sud...

Le climat du Nord-Est va changer, mais jusqu'à quel point?

Je reviens de quelques jours de randonnée dans les Montagnes Blanches du New Hampshire. La région, proche de la frontière canadienne, est magnifique.

Au cours d'une halte dans un refuge, je suis tombée sur un panneau décrivant les résultats d'une étude réalisée conjointement par l'Union of Concerned Scientists et une équipe d'experts indépendants. L'étude est une prédiction des impacts du changement climatique sur la région Nord-Est des Etats-Unis, qui s'étend de la Pennsylvanie à la frontière canadienne et où vit un Américain sur cinq.

Les auteurs de cette étude dressent un tableau plutôt sombre de la situation, insistant sur le fait que des modifications majeures du climat du Nord-Est sont aujourd'hui inévitables. L'importance de ces modifications dépend toutefois des choix que nous allons tous effectuer dans les prochaines années.

Du New Hampshire à la Caroline du Nord?

Dans l'hypothèse où l'économie mondiale continuerait à s'appuyer lourdement sur les énergies fossiles, entraînant en 2100 une concentration de CO2 dans l'atmosphère de 940 ppm (soit trois fois plus qu'avant le début de l'ère industrielle), le Nord-est des Etats-Unis pourrait voir sa température moyenne augmenter de 4 à 6°C en hiver et de 3 à 9°C en été. Le printemps arriverait 3 semaines plus tôt et l'été durerait 6 semaines de plus. D'ici la fin du 21ème siècle, la longueur de la saison propice aux chutes de neige pourrait diminuer de moitié, tandis que des villes comme Philadelphie, New York ou Boston pourraient se retrouver confrontées à 14 à 28 jours par an où la température serait supérieure à 37,7°C (au lieu de 1 à 2 jours par an actuellement).

Selon ce scénario, le climat estival du New Hampshire pourrait ressembler en 2100 à celui observé actuellement en Caroline du Nord, un Etat situé environ 1000 km plus au sud.

Ou du New Hampshire à la Virginie?

Dans l'hypothèse où l'économie mondiale diminue sa dépendance envers les énergies fossiles de manière à atteindre une concentration de CO2 dans l'atmosphère de 550 ppm en 2100 (soit le double de la concentration observée avant l'ère industrielle), le Nord-Est pourrait voir sa température moyenne augmenter de 2,8 à 5°C en hiver et de 1,5 à 5°C en été. Selon ce scénario, la longueur de la saison propice aux chutes de neige pourrait diminuer d'un quart. A la fin du 21ème siècle, le printemps arriverait alors une à deux semaines plus tôt et la durée de l'été serait augmentée de 2 semaines et demies. Philadelphie, New York ou Boston ne connaîtraient cependant que quelques jours par an où la température serait supérieure à 37,7°C.

Selon ce scénario, le climat estival du New Hamshire à la fin du 21ème siècle ressemblerait au climat actuel de la Virginie (environ 700 km plus au sud).

Le choix dépend de nous...

L'avenir du Nord-Est américain, comme des autres régions du globe, est entre nos mains. Il dépend des choix cruciaux que nous allons réaliser au cours de la prochaine décennie. Souhaitons nous vraiment voir le climat des Etats du Sud à la frontière canadienne?

Graphe 1
Source : http://scenicus.com/NH/wa.jpg


Graphe 2
Titre : "Migrations" projetées du climat estival du New Hampshire.
Source: Climate Change in the U.S. Northeast

vendredi 1 juin 2007

La tragédie des biens communs ou Sophie chez le dentiste


Pierre et la vache

Aujourd'hui, Pierre est heureux. Sa vache, Marguerite, vient de vêler et le veau est une femelle! Grâce à elle, Pierre va non seulement pouvoir subvenir aux besoins de sa famille, mais probablement qu'il lui restera même du lait en surplus. En le vendant, il devrait pouvoir réunir suffisamment d'économies pour acheter dans quelques temps une troisième vache...

Alors que Pierre s'imagine déjà riche, il a conscience que sa volonté d'aggrandir son cheptel présente aussi un inconvénient : elle va contribuer à accroître la pression de pâturage sur le pré commun du village, où paissent toutes les vaches des alentours. Mais Pierre est avant tout quelqu'un de rationnel; les avantages d'élever le veau sont entièrement pour lui, alors que les désavantages qui résultent du surpâturage seront supportés par l'ensemble des villageois. Il n'y a donc pas vraiment à hésiter...

Une histoire vieille comme le monde

Mais Pierre n'est pas le seul à se tenir ce raisonnement : tout autour de lui, les autres villageois ont également parfaitement compris l'intérêt pour eux d'aggrandir leur cheptel, quelles que soient les conséquences pour la communauté. Et c'est ainsi que débute la tragédie des biens publics, une très vieille histoire et un véritable casse-tête pour l'humanité.

N'allons pas nous imaginer que l'histoire du pré commun ne nous concerne pas. Elle n'a pas disparu avec l'exode rural. Ses formes actuelles sont simplement moins évidentes, parce qu'elles concernent maintenant des surfaces beaucoup plus importantes qu'un pré commun de village.

Sophie et le dentiste

Prenons Sophie, par exemple. Elle vit aux Etats-Unis et depuis quelques temps, elle a mal à une dent. Au bout de quelques semaines de tergiversations, elle se décide à aller voir un dentiste. Celui-ci lui annonce, sans sembler particulièrement surpris, qu'elle a non pas une carie, comme elle le pensait initialement, mais six! Le coût total du soin à réaliser s'élève à... 900$. Sophie, habituée aux soins presque gratuits fournis en Europe, manque avoir une crise cardiaque.

Mais Sophie,tout comme Pierre, sait encore compter. Après une petite vérification sur internet, elle découvre que le prix aller-retour d'un billet d'avion Etats-Unis/Europe est de 650$. La décision lui parait évidente: elle va rentrer en Europe faire soigner ses caries par son dentiste habituel, qui lui inspire plus confiance (et lui coûtera moins cher).

Cela vous surprendra peut-être, mais Sophie a conscience du coût environnemental de sa décision. Elle sait (elle tient d'ailleurs un blog sur le sujet) que le vol transatlantique équivaut quasiment à une année d'émissions de gaz carbonique pour un Allemand. Mais comme Pierre, elle sait aussi que si les bénéfices qu'elle en retire personnellement équivalent à 1, alors les inconvénients résultant de sa décision équivalent à 1 divisé par six milliards d'hommes... Et comme Pierre, Sophie prend la décision qui lui est la plus favorable.

Si Sophie avait eu à payer personnellement le coût environnemental de sa décision, elle n'aurait jamais pris l'avion pour l'Europe (ce qui lui aurait évité de s'entendre dire par son dentiste, un homme de confiance qu'elle n'a en réalité aucune carie). Et si Sophie et Pierre étaient les seuls à se tenir ce genre de raisonnements, nous ne serions pas confrontés aujourd'hui au problème du réchauffement climatique. Mais voilà: Sophie n'a rien payé en plus et elle est très loin d'être la seule à se tenir ce genre de raisonnements.

Changement d'échelle, changement de problème

Nous sommes actuellement plus de six milliards à vouloir consommer du carbone sous une forme ou une autre. Or, notre façon de gérer cette ressource reste basée sur des réflexes hérités de nos ancêtres, lesquels étaient notablement moins nombreux. Il n'était pas vraiment problématique de prendre un vol transatlantique en 1950, lorsque la terre ne comptait que deux milliards et demi d'habitants et que bien peu d'entre eux possédaient assez d'argent pour le faire. Mais nous sommes en 2007 et nous avons changé d'échelle... et donc de problème. Il est plus que temps que nous assumions individuellement le coût réel de nos actions.

Photo : http://www.aroundtheworlds.com/photos/france/normandie003.jpg