vendredi 18 mai 2007

La guerre perdue de Georges Bush

Républicain avec une majorité Démocrate

Les temps sont durs pour le président Bush. Depuis l'élection de novembre 2006, qui a renversé les rapports de force dans les deux chambres du Congrès en assurant une majorité démocrate, le débat fait rage à Washington.

Sans surprise, le principal point de friction entre l'exécutif et le législatif concerne la guerre en Irak. Le renversement politique du pays est en effet en bonne partie dû à la perte de confiance d'une opinion publique fatiguée de voir les troupes américaines s'enliser dans le conflit irakien. Mais la politique environnementale de l'administration Bush est aussi un sujet brûlant.

D'après un sondage réalisé par le Pew Research Center en juillet 2006, 51% des Américains désapprouvent la politique environnementale de Washington. Les électeurs ne semblent pas avoir d'opinion très définie sur la politique fédérale dans le cadre du changement climatique (44% de désapprobation, 26% d'approbation et 30% d'indécis), mais ils sont par contre 2 sur 3 à désapprouver clairement la politique énergétique du gouvernement.

"Le sérieux problème" de Georges Bush

Face à une opinion publique réprobatrice et un Congrès qui prépare activement des propositions de lois visant à imposer des standards d'efficacité d'utilisation de l'essence plus contraignants pour l'industrie automobile (au grand dam de cette dernière), Bush se retrouve le dos au mur. Du bout des lèvres, il a admis en janvier 2007 lors de son discours sur l'Etat de l'Union que "le changement climatique était un sérieux problème", reconnaissant ainsi implicitement pour la première fois l'existence du phénomène...

Il ne faut toutefois pas trop lui en demander. Après avoir annoncé dans ce même discours qu'il comptait réduire la croissance prévue des émissions de 20% en 10 ans (en se gardant bien de préciser en termes concrets comment il comptait atteindre cet objectif peu ambitieux), Mr. Bush a renouvellé son refus d'instaurer des quotas d'émissions sur le sol américain lors du sommet Union Européenne/Etats-Unis qui s'est tenu au mois d'avril.

La bataille de l'EPA

Mais si l'administration Bush est restée intraitable sur le terrain international, elle a subi ces dernières semaines une estocade historique au niveau national. La Cour Suprême a en effet tranché début avril en sa défaveur dans un cas juridique qui l'opposait à 10 états souhaitant la mise en place d'un contrôle fédéral sur les émissions de gaz à effet de serre des automobiles.

Le cas impliquait l'Environmental Protection Agency (EPA), une agence fédérale chargée de faire respecter au niveau national les standards d'émissions d'un certain nombre de produits chimiques susceptibles de représenter des sources de pollution. Depuis quelques années, l'EPA refusait de trancher sur le cas du CO2, au motif douteux que son "impact sur l'environnement ne faisait pas l'objet d'un consensus scientifique". Le 2 avril, la Cour Suprême du Massachusetts lui a donné tort et l'a sommée d'exécuter son rôle de contrôle, à moins qu'elle ne soit capable de déterminer scientifiquement qu'une régulation n'était pas nécessaire.

Visiblement, ladite "détermination scientifique" a été difficile à fournir, car le président Bush vient d'annoncer qu'il avait ordonné à son administration de plancher sur la mise en place de standards automobiles. Ceux-ci devraient normalement être prêts fin 2008, soit quelques semaines avant la fin du mandat du président. L'honneur sera donc sauf... Jusqu'à la prochaine bataille.

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