La National Public Radio a lancé depuis quelques semaines en partenariat avec National Geographic une série appelée Climate Connections dont le but est de montrer "comment nous transformons le climat et comment le climat nous transforme". Concrètement, la série se compose de reportages courts qui traitent de sujets variés en lien avec le climat.
J'ai écouté certains de ces reportages et je suis tombée dernièrement sur une enquête réalisée en Caroline du Nord. Il s'agissait de la famille Sheppard, qui essayait de réduire ses émissions de carbone et qui souhaitait avoir une idée du résultat de ses efforts.
Les efforts en question avaient visiblement demandé des sacrifices et ils en étaient fiers. Le couple avait commencé par garder les arbres de son jardin afin que leur ombre rafraichisse un peu la maison et diminue l'usage de l'air conditionné (dans le Sud, c'est un pas important). Ils avaient aussi résisté à la tentation d'acheter une maison plus grande, ce qui avait dû être un gros sacrifice, compte tenu de la pression sociale qui existe sur la question aux Etats-Unis. Ils avaient par ailleurs remplacé toutes leurs ampoules et leur frigo par des équivalents moins gourmands en électricité, avaient pris l'habitude d'étendre leur linge en extérieur au lieu d'utiliser un sèche-linge et essayaient d'acheter des aliments produits localement. Enfin, ils avaient remplacé l'une de leurs deux grosses voitures par une petite Ford Focus, qu'ils utilisaient pour les déplacements fréquents ou longs.
Le journaliste de NPR avait invité le directeur de l'Institut pour l'Environnement de l'Université de Caroline du Nord, Doug Crawford-Brown, à venir donner son avis sur ces actions. Doug s'est montré très impressionné par leurs efforts et après une petite séance de calcul, il a annoncé aux Sheppard qu'ils produisaient environ 14 tonnes de CO2 par an, soit 40% de moins que la moyenne de la Caroline du Nord (et d'après mes calculs, plus de 60% de moins que la moyenne nationale).
A ce stade, il y a eu un flottement dans le reportage, le temps d'entendre les Sheppard manifester leur enthousiasme en arrière plan. De mon côté, j'avais estimé que leurs émissions par personne équivalaient grossièrement à celles de l'Allemagne lorsque Doug a semblé avoir une arrière pensée. Il a posé la question fatidique: "combien de kilomètres parcourez-vous par an en avion?".
Les Sheppard auraient pu se méfier. Mais leur réponse (1 long vol par an pour l'Europe ou la Californie, 1 vol pour la Nouvelle-Orléans et quelques vols dans le cadre du travail) n'avait rien d'extraordinaire, surtout si l'on tient compte du fait que Claudia Sheppard est... Allemande. Ils ont donc répondu très candidement à l'expert. Son calcul les a cloués sur place. "Vos voyages en avion représentent 12,7 tonnes de carbone en plus, ce qui double quasiment vos émissions annuelles".
Subitement, les Sheppard se sont retrouvé dans la moyenne de la Caroline du Nord, voire un peu au dessus. Après tous les efforts qu'ils avaient fait, on comprend que cette découverte les ait rendue un peu amers. Claudia a bien résumé son impression : "ce résultat est extrêment surprenant. Je suis prête à beaucoup de sacrifices, mais je ne peux pas diminuer mon utilisation de l'avion. Il faut bien que j'aille voir ma famille de temps en temps!".
Je la comprend. Mais je ne peux pas m'empêcher de penser que ce résultat aurait été moins surprenant si l'impact réél de l'avion démocratique en terme d'émissions de carbone était un peu plus médiatisé. A quand un équivalent de l'Ecocomparateur SNCF sur tous les sites internet des agences de voyage?
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