jeudi 14 juin 2007

Discussion économique autour d'un café... (1)

Les joies du rendez-vous italien

Nicolas et moi, nous adorons trouver des prétextes pour aller boire des espresso dans les petits cafés à deux pas de chez nous. Il faut dire que ce sont les seuls endroits de la ville où a) on peut trouver des vrais cafés à l’italienne et b) on peut assister à des disputes colorées en anglo-italien entre les supporters de l’équipe de foot de Milan et celle de Rome.

Il y a quelques temps, nous avons ainsi donné rendez-vous au Caffé dello Sport à un ingénieur des Ponts et Chaussées, en stage au MIT. D’après ce que j’ai compris, son stage porte (accrochez-vous bien) sur la détermination de la politique énergétique mondiale la plus rentable à mettre en place pour lutter contre le changement climatique. Apparemment, il s’agit de faire tourner un modèle avec des tas de paramètres, qui vous dit « si vous faîtes ça, ça va coûter tant », etc… Je simplifie, mais croyez moi, ça avait l'air extrêmement compliqué.

Initialement, ce rendez-vous était censé nous permettre d’en apprendre plus sur les différentes politiques énergétiques disponibles et nous renseigner sur celles qui avaient le plus de chances d’être adoptées. Je ne vais pas vous le cacher plus longtemps, nous n’avons jamais discuté des politiques énergétiques. En fait, nous nous sommes heurtés d’entrée de jeu à un désaccord de fond, qui portait sur le calendrier de mise en place desdites politiques.

Pourquoi limiter nos émissions aujourd'hui n'a pas d'intérêt...

L’opinion de ce futur haut fonctionnaire était la suivante (que les économistes parmi vous me corrigent si mon explication n’est pas 100% pertinente, c’est ce que j’ai compris en tant que profane) : il ne sert à rien de mettre en place des mesures de réduction des gaz à effet de serre tout de suite. En fait, il vaut beaucoup mieux y réfléchir posément et mettre en place la mesure que l’on jugera la plus appropriée dans 10 ans.

Pourquoi ? C’est la question que je me suis posée et voici la réponse : si l’on veut obtenir une vraie réduction des émissions, il faudra mettre en place une mesure contraignante, qui aura un impact négatif sur l’économie mondiale. Or, de toute façon, le mal est fait. Le réchauffement que nous observons maintenant est dû à des gaz à effet de serre rejetés dans l’atmosphère il y a plusieurs décennies. De la même façon, ceux que nous rejetterons au cours des 10 prochaines années n’auront un impact sur le climat que dans quelques décennies. Qui peut prédire les avancées technologiques d’ici là ? Peut-être même que nous pourrons les éliminer ? Tenter de réduire nos émissions futures a donc l’effet suivant :

1) nous limitons notre croissance économique

2) nous ne verrons pas la différence

...et pourquoi il vaut bien mieux attendre un peu

A l’inverse, si nous ne tentons pas de réduire nos émissions, nous obtenons le résultat suivant :

1) nous soutenons la croissance de l’économie mondiale, croissance qui va générer des bénéfices que nous pouvons déposer sur un compte en banque et faire fructifier en prévision de la mise en place de mesures vraiment efficaces de réduction des émissions dans dix ans.

2) cela ne changera rien au climat que nous connaîtrons dans dix ans.

Il suit de ce raisonnement qu’il est beaucoup plus rentable économiquement de n’entamer des actions que dans quelques années. Pourquoi nous n'étions pas d'accord dans le prochain article.

Source photo : Nicolas

Second article (notre opinion) : Discussion économique autour d'un café... (2)

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