jeudi 7 juin 2007

Une vérité qui dérange

La vérité malvenue du documentaire d'Al Gore

"Je me suis sentie vraiment déprimée après avoir vu ce film". C'est ainsi que Betsy, une collègue de travail, m'a décrit le documentaire récompensé par deux oscars d'Al Gore, ancien candidat démocrate à la Présidentielle américaine.

Après l'avoir vu moi même, je comprends la réaction de Betsy. Le film, An Inconvenient Truth (Une Vérité qui Dérange) entraîne une prise de conscience douloureuse sur la question climatique. C'est un petit chef d'oeuvre de vulgarisation scientifique, qui laisse le spectateur face à des conclusions limpides et impossibles à éviter. Son message simple (il y a un réchauffement climatique rapide et c'est grave), appuyé par des graphes extrêmement clairs et le talent d'orateur d'Al Gore, a d'ailleurs créé une petite commotion aux Etats-Unis, facilitant l'apparition d'un nouveau questionnement au sein de la société américaine : si le réchauffement climatique est réel, quelles sont les solutions pour le résoudre?

Mais quelques raccourcis scientifiques et un optimisme excessif

Pourtant, malgré tous les atouts du documentaire, certains aspects de l'argumentation développée par Al Gore auraient à mon avis gagnés à être supprimés. Le film illustre ainsi longuement le réchauffement climatique par LA grande catastrophe naturelle apte à parler à un public américain, la destruction de la Nouvelle Orléans par l'ouragan Katrina. D'autres exemples de catastrophes naturelles récentes (les milliers de morts liés à la canicule européenne en 2003, par exemple) sont aussi utilisés comme "preuves" de la réalité du réchauffement climatique. Un tel raisonnement n'est évidemment pas valable. Il est impossible de démontrer une tendance à partir de quelques évènements isolés, c'est le principe même d'une moyenne.

J'aurais également aimé ne pas entendre citer l'apparition récente de cas de turberculose multirésistante comme une conséquence du réchauffement climatique, alors qu'il s'agit avant tout du résultat de notre consommation irréfléchie d'antibiotiques. Par ailleurs, illustrer l'impact du réchauffement climatique sur la disparition des espèces vivantes par des exemples comme le dodo ou le mammouth me semble un peu... hors-sujet!

Enfin, malgré l'opinion de Betsy, je trouve le film en tantinet trop optimiste. Annoncer, comme Al Gore le fait, que nous pouvons tous réduire notre consommation de carbone à zéro en réalisant quelques efforts relativement simples (remplacer nos ampoules classiques par des ampoules économiques ou changer de voiture, par exemple) me paraît pour le moins mensonger, dans la mesure où il n'y a pas pour l'instant de solution qui nous permettrait d'atteindre un tel résultat.

Un début de prise de conscience indispensable

Mais malgré ces remarques, An Inconvenient Truth reste un film qui mérite d'être montré, au moins pour favoriser l'apparition d'une prise de conscience collective. Comme le fait remarquer Al Gore, ce que nous considérons aujourd'hui comme allant de soi pourrait bien en effet ne plus être là pour nos petits-enfants. Et laisser une telle chose se produire sans réagir serait profondément immoral.


Sources:
Photo : http://samiam.com/uploaded_images/an-inconvenient-truth-702835.jpg

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