Un mouton noir...
James Hansen a l'habitude d'être traité d'alarmiste. Voici en effet plus de trois décennies qu'il manifeste, avec une obstination très Midwest, son inquiétude face aux conséquences du réchauffement climatique, s'attirant régulièrement les foudres de ses collègues climatologistes.
L'homme n'est pourtant pas né de la dernière pluie. Directeur du Goddard Space Flight Center de la NASA, il collectionne depuis des années les publications dans des revues scientifiques aussi prestigieuses que Science. Mais voilà : ses déclarations, souvent privées de la traditionnelle prudence scientifique (ses fameuses "99% de certitude" de l'existence du réchauffement climatique devant le Sénat en 1988, par exemple), agacent ses collègues autant qu'elles réjouissent les journalistes.
... dont la position fait des émules
Pourtant, si j'en crois un article paru dans Science il y a deux semaines, les climatologistes qui rejoignent les rangs de l'alarmiste de la première heure sont aujourd'hui de plus en plus nombreux. Leur constat est simple : le GIEC, en prenant la décision de ne baser ses conclusions que sur les prédictions de modèles, donne une image trompeusement optimiste de la situation dans laquelle nous nous trouvons.
Les limites de la modélisation
Cet aspect est parfaitement illustré par le débat actuel sur la montée du niveau des océans au cours du 21ème siècle. Selon le dernier rapport scientifique du GIEC, publié en février 2007, le niveau de la mer ne devrait monter en moyenne que de 0,34 mètres au cours du prochain siècle. Mais cette estimation ne tient pas compte d'effets encore mal connus scientifiquement et qui ne peuvent en conséquence pas être modélisés.
Parmi eux, on trouve la désintégration tout à fait imprévue en 2002 de la saillie glaciaire Larsen B, dans l'Antartique ouest, qui a amené brutalement la communauté scientifique à réaliser que l'on avait peut-être surestimé la résistance des calottes glaciaires au réchauffement.
On constate également que les observations sur le terrain sont depuis des années situées systématiquement dans la limite supérieure des prédictions du GIEC, à commencer par les émissions de gaz à effet de serre. Ceci est probablement dû au fait qu'il est beaucoup plus difficile d'avancer des chiffres précis pour des problèmes de grande ampleur et à évolution très rapide que pour des problèmes locaux qui évoluent lentement.
Enfin, on trouve parmi ces aspects non modélisables les données récoltées au fil des années par les paléoclimatologistes et les géologistes, qui montrent que le niveau des océans il y 120 000 ans était 4 à 6 mètres plus élevé qu'aujourd'hui, pour une température moyenne de la Terre seulement 1°C plus chaude (température que nous pourrions d'ailleurs atteindre d'ici la fin du siècle). Ces hauteurs ont certes été atteintes en des millénaires de fonte des glaces. Mais tout de même... un tel écart est troublant.
Alors, alarmiste, Hansen?
Sources :
Pushing the Scary Side of global Warming, de Richard E. Kerr. Science, 8 June 2007.
Thin Ice, de Mark Bowen
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