lundi 20 octobre 2008

Le climat : un thème qui fait l'unanimité?

Les élections américaines approchent à grands pas. Vu d'Europe, le débat présidentiel semble focalisé sur l'économie. Pourtant, les deux candidats ont aussi émis des opinions fortes sur la question du climat. Regards croisés sur une question qui a fait couler beaucoup l'encre ces derniers mois...

Le retour en grâce de la question climatique
Le vent a en effet tourné aux Etats Unis. Après des années de déni et de désinformation par l'administration Bush, l'heure semble être enfin au réalisme : pour John McCain comme pour Barack Obama, le changement climatique est un problème réel qui nécessite une action urgente. au niveau national et international. Reste à savoir laquelle!

La bourse du carbone a le vent en poupe
A l'exemple de l'Union Européenne, les deux candidats ont déclaré qu'ils privilégieraient une bourse du carbone à une taxe carbone. Ceci revient à dire qu'ils envisagent de limiter les émissions de gas à effet de serre des entreprises sans s'attaquer à la question délicate des particuliers. Par ailleurs, leurs objectifs de réduction des émissions sont sensiblement équivalents : malgré quelques divergences sur le long terme - à l'horizon 2050, McCain envisage théoriquement une réduction des émissions de 60% par rapport à 1990 alors qu'Obama affiche un objectif de 80% - les deux candidats souhaitent avant tout ramener les émissions de 2020 au niveau de 1990. Sachant qu'en 2005, les émissions américaines étaient 16% plus élevées qu'en 1990, cet objectif représenterait déjà un réel effort. Il reste toutefois bien inférieur à l'objectif européen, qui consisterait à diminuer les émissions d'au moins 20% par rapport au niveau de 1990 d'ici 2020.

Pétrole et indépendance énergétique : un cocktail explosif ...
Le flirt récent du baril de pétrole avec les 150$ a plus que jamais remis la délicate question de l'indépendance énergétique au goût du jour. La question est politiquement très délicate, et a obligé McCain à changer son fusil d'épaule. Après avoir voté régulièrement contre le forage de puits pétroliers dans l'Artic National Wildlife Refuge (ANWR, une immense zone protégée le long de la mer de Baufort), le candidat républicain a déclaré dernièrement qu'il était favorable à ce projet, ce qui ne peut qu'agréer à sa colistière, Sarah Palin. Prudent cependant (il sait sans doute que ce projet ne permettra pas de dégager de pétrole avant plusieurs années, que les réserves qu'on prette à l'ANWR sont hypothétiques et que même si elles s'avèrent aussi importantes que prévues, elles ne réprésentent qu'une goutte d'eau dans la consommation américaine), il envisage également un investissement massif dans le nucléaire - 45 centrales construites d'ici 2030 - ainsi que la promotion du charbon propre et des technologies innovantes. Les énergies solaire et éolienne le laissent en revanche dubitatif ; selon ses dires, elles sont "à 10 ans d'être utilisables".

... qui oblige à quelques contorsions
De son côté, Obama soutient une diminution aussi rapide que possible de la dépendance américaine au pétrole. Probablement conscient que la chose présente quelques difficultés, il préconise l'économie énergétique sous la forme d'une limitation de la consommation des véhicules ainsi que la promotion des énergies renouvelables, du nucléaire et du charbon propre. Sa position sur la question des forages pétroliers est assez ambigüe : le parti démocrate étant historiquement opposé au forage dans l'ANWR, il dispose sur cet aspect de peu de marge de manœuvre. Il a en revanche annoncé qu'il soutenait le forage offshore le long des côtes des Carolines et dans le golfe du Texas.

La fin de l'isolationnisme américain?
Pour les deux candidats, les Etats-Unis se doivent de reprendre leur place dans le débat international sur la question climatique. Alors qu'Obama envisage d'entraîner son pays dans le débat post-Kyoto, McCain se place dans la droite ligne républicaine et a déclaré qu'il ne souscrirait pas à un accord international contraignant si celui-ci n'incluait pas la Chine et l'Inde.

Alors, pro-républicain ou pro-démocrate? This is now the question...

jeudi 29 mai 2008

Le grand mystère de l'eau en bouteille (épisode 2)

La saga de l'eau en bouteille se poursuit. Le vent le vent semble en effet tourner pour les plastiques alimentaires. Après s'être imposés dans notre vie quotidienne, ils se retrouvent aujourd'hui dans le collimateur des consommateurs nord-américains.

Le mois dernier, le gouvernement canadien a en effet provoqué l'émoi en annonçant l'interdiction probable de commercialisation des biberons contenant du bisphénol A - un composé retrouvé dans la plupart des plastiques alimentaires. Le bisphénol A (BPA pour les intimes) est soupçonné de provoquer des troubles hormonaux chez l'être humain.

Jusqu'à présent, le risque posé par ce composé chimique semblait minime. Toutefois, de récentes études semble indiquer que le BPA migre plus facilement du contenant en plastique vers l'aliment en cas de cuisson ou de réchauffage au micro-onde...

L'Autorité Européenne de Sécurité des Aliments a annoncé qu'elle allait réévaluer le niveau d'exposition au BPA pouvant être considéré comme acceptable d'un point de vue sanitaire.

mardi 27 mai 2008

Inconvenant ours polaire

Un classement préoccupant

Ces derniers temps, Sarah Palin, gouverneur républicaine de l'Etat d'Alaska, voit les ours polaires d'un mauvais oeil. Ces derniers ne viennent-ils pas d'être classés de façon fort inopportune sur la liste des espèces menacées des Etats-Unis ? La nouvelle n'augure rien de bon pour les plantigrades. Mais pour Mme Palin, elle n'augure surtout rien de bon pour l'économie de l'Alaska. L'ours polaire classé, ce sont les côtes nord et nord-ouest de l'état qui risquent de devenir inaccessibles à l'exploitation pétrolière et gazéifère... et des millions de dollars d'investissement qui risquent de s'envoler en fumée.

La pilule est d'autant plus dure à avaler que la population d'ours polaires de l'Alaska est aujourd'hui florissante ; comment imaginer dans ces conditions qu'elle puisse totalement disparaître d'ici 2050, ainsi que le prédisent certains scientifiques ?

Indissociable alliance

Pourtant, les faits semblent donner raison à ces cassandres : si l'ours polaire se porte encore bien, la glace arctique dont sa survie dépend se porte, elle, plutôt mal. Au rythme actuel, l'Arctique pourrait être totalement dégelé en été vers le milieu du 21ème siècle selon Environnement Canada. Les investisseurs se frotteront sans doute les mains à cette nouvelle, qui offre des opportunités économiques inédites (transport maritime plus rapide, exploitation de gisement pétrolifère inaccessibles actuellement). Pour les ours polaires toutefois, une telle évolution se révèlerait fatale : elle impliquerait une période trop longue sans possibilité de chasse des phoques annelés, amenant inévitablement l'espèce à l'extinction.

Les glaces de l'Arctique : un pivot climatique

Le sort de l'ours polaire ne préoccuperait sans doute pas grand monde s'il n'était pas inextricablement lié à celui de la planète. Les glaces de l'Arctique sont en effet vitales pour l'équilibre climatique de la Terre. Leur disparition entraînerait une "surchauffe" dont il est impossible de mesurer les conséquences. Le gouverneur Palin a raison : le classement en espèce menacée de l'ours polaire est très préoccupante pour l'Alaska. En fait, elle est même très préoccupante pour l'ensemble des habitants de cette planète.

Image : au Spitzberg...

lundi 26 mai 2008

Nucléaire : le retour en grâce


Signe des temps ?

Après vingt ans d'opprobre national, l'énergie nucléaire semble être en train de renaître de ses cendres en Italie. Le ministre du développement économique Claudio Scajola a en effet annoncé la semaine dernière le relancement du programme nucléaire civil italien, ce qui a immédiatement suscité l'émoi de nombreuses associations environnementales.

Une décision démocratique...

Venant d'un pays qui avait banni l'énergie nucléaire de son territoire lors d'un référendum lancé quelques mois après l'accident de Tchernobyl, cette décision peut paraître unilatérale. Elle est pourtant tout à fait démocratique : ne faisait-elle pas partie du programme électoral de Silvio Berlusconi ? En supposant que les Italiens aient réélu Mr Berlusconi sur la base de ses promesses électorales, force est de constater que l'opinion italienne sur le nucléaire a fortement évolué ces dernières années.

... qui reflète l'évolution des mentalités en Europe

Le regain d'attractivité du nucléaire est d'ailleurs observable ailleurs en Europe : sept ans après avoir décidé la fermeture progressive de leurs centrales d'ici 2020, les Allemands sont en effet en train de relancer le débat sur la pertinence de cette mesure -d'autant plus que la fermeture de ces centrales exigerait d'augmenter encore la part d'électricité produite avec du charbon (1). En Grande-Bretagne, le gouvernement a classé en janvier dernier l'énergie nucléaire avec les autres sources d'énergie peu émettrices de gaz à effet de serre. Quant à la Finlande, elle a décidé la construction d'une cinquième centrale afin d'atteindre les objectifs fixés par son plan-climat.

Un retour en grâce un peu tardif ?

L'Italie aurait donc pris une décision "climatiquement avisée" ? Pas si sûr. La construction d'une centrale nucléaire est un processus de longue haleine - la première centrale nucléaire italienne ne devait pas entrer en fonction avant au moins 7 à 10 ans - et son fonctionnement quotidien ne peut se faire sans un débit suffisant des rivières. Or le débit du Pô, principal fleuve italien, est dépendant de l'état des glaciers des Alpes. Selon une étude d'EDF, le débit estival du Rhône, cousin transalpin du Pô, pourrait diminuer de -20% en moyenne d'ici 2050. Avec des centrales rentrant en fonctionnement vers 2020, on peut donc s'interroger sur la pertinence de la décision italienne... et sur les plans B envisagés en cas de sécheresse estivale régulière.

(1) l'énergie nucléaire et le charbon fournissent respectivement 30% et 50% de l'électricité allemande aujourd'hui selon la Commission Europénne.

Image : centrale nucléaire en France

lundi 28 avril 2008

Rouler ou manger, faut-il choisir ?


Il y a quelques mois, un scientifique britannique rencontré lors d'une conférence me prédisait sombrement que les biocarburants ne se développeraient jamais : ce sont de trop bons boucs émissaires.

Versatile opinion...

Alors que le monde découvre avec effarement la hausse du prix des denrées agricoles et les "émeutes de la faim", force m'est de constater qu'il avait raison. Après les avoir encensés au point d'en faire la solution-miracle, la presse est aujourd'hui unanime à les condamner, pour le plus grand bonheur des anti-écologistes ("enfin, les motivations profondes des écologistes apparaissent au grand jour, ils ne souhaitent qu'affamer la planète") et des anti-capitalistes ("voilà ce qui se passe quand on encourage l'agriculture productiviste, nous vous l'avions bien dit").

Un procès équitable?

Mais les biocarburants sont-ils réellement responsables des émeutes de la faim? Ce serait leur faire trop d'honneur. Certes, ils jouent un rôle non négligeable dans la hausse du prix du maïs. Seulement voilà, pendant toute l'envolée des cours, le maïs est resté -et de très loin- la céréale la... moins chère au niveau mondial. Curieusement d'ailleurs, les émeutiers s'en plaignent peu : ils sont plutôt focalisés sur le prix du blé et du riz, qui sont de toute façon bien plus consommées en alimentation humaine.

Instable équilibre

Dans ce cas, d'où vient le problème? Des vieilles lois de l'offre et la demande. Alors que la demande en céréales est en augmentation régulière afin de satisfaire les besoins croissants en produits carnés de la population mondiale, l'offre, elle, a bien du mal à suivre. A l'heure actuelle, il suffit d'un incident climatique pour que la récolte devienne inférieure aux besoins mondiaux. L'année dernière, pour la quatrième fois depuis 2002, la demande a ainsi excédé l'offre, suite à des mauvaises récoltes dans de nombreuses zones de production du blé. Et les stocks se sont à nouveau réduits comme peau de chagrin...

La récolte de céréales sera peut-être meilleure cette année. Mais ne nous y trompons pas : il y aura d'autres incidents climatiques, qui entraîneront leur lot de difficulté alimentaire. Dans un monde où la classe moyenne est en pleine expansion, peut-être est-il temps de repenser l'alimentation des pays riches ?

Bienvenue dans le 21ème siècle.

Image 1 :
Demain, roulerez vous au biocarburant ?
Image 2 :
Prix international des céréales, FAO

jeudi 27 mars 2008

To save the planet, eat a whale!

Surprisingly mild temperatures, very little snow, Helsinki’s harbor free of ice… Every time I called my contacts in Denmark, Sweden or Finland during the last few months, they shared new observations confirming that for the second year in a row, Scandinavia was getting through dark months so mild that they could hardly qualify as winter. Warm temperatures made people increasingly uneasy as the winter was drawing near to its end, as it seemed to picture the future of a very different Scandinavia.

Norway, a climate change pioneer

In such a situation, no wonder that Norway, the most Nordic country of Europe, is particularly involved in the battle against climate change. The country made the headlines with the opening of the Svalbard Seed Vault, which offers the opportunity to store seeds from everywhere in the world in a frozen environment. But Norway also received media coverage on a more confidential scale with a recent study published by the High North Alliance, a Scandinavian organization based in the Lofoten, which promotes whale hunting.

An –almost- carbon neutral whale?


Granted, the link between whale hunting and climate change may not seem obvious at first sight. But for really worried citizens, nothing is impossible. That’s why the High North Alliance has just demonstrated that for the same weight, one emits 8 times more CO2 equivalents by eating a beefsteak than by eating minke whale meat (the study doesn’t give figures for blue whale meat). For comparison sake, one might be interested in learning that the consumption of chicken (4.6 kg of CO2 equivalents per kg of meat) generates more than 2 times more greenhouse gases emissions than the consumption of minke whale meat (1.9 kg of CO2 equivalents per kg of meat).

This result might seem surprising, but it’s actually quite simple to explain: 1) on the contrary to beef and chicken, a whale does fortunately not need to be fed with agricultural products such as cereals or soybean. This spares a great deal of greenhouse gases, which would have otherwise been emitted by tractors, fertilizers or the heating of building and 2) on the contrary to beef, a whale doesn’t emit methane, a very powerful greenhouse gas. Should we then conclude from this demonstration that the future lies in whale stew?

The whale’s limitations

This might be a bit premature. Despite the pedagogical advantage of this study, which shows how the food we consume is linked to greenhouse gases emissions, it seems to me that it has curiously neglected to take into account two points that should yet have driven the attention of its authors. The first one is that minke whale stocks –or any other whale stocks for that matter – can hardly be considered sufficient to keep pace with growing meat demand from the world. Besides, it comes as a surprise to find out that the study does not even mention the fact that the consumption of 1 kg of cereals produced in the UK generates in average almost 14 times less emissions of CO2 equivalent than the consumption of 1 kg of whale meat…

Picture: a minke whale

lundi 17 mars 2008

La baleine, nouvel eldorado vert?

Températures anormalement douces, couche de neige inexistante, absence de glace dans le port de Helsinki... Au cours des derniers mois, mes contacts au Danemark, en Suède ou en Finlande m'ont confirmé que la Scandinavie était en train de vivre pour la deuxième année consécutive un hiver qui brille... par son absence. L'enchaînement des records de douceur a fini par entraîner un certain malaise, tant les bouleversements qu'il semble augurer sont importants.

La Norvège, pionnier de la lutte contre le réchauffement climatique

Dans ce contexte, quoi d'étonnant à ce que la Norvège, le pays le plus septentrional d'Europe soit un pionnier dans la lutte contre le réchauffement climatique ? Après avoir fait récemment la une des journaux lors de l'inauguration de la Banque de Graines du Svalbard, qui permet d'entreposer des graines de tous les pays du monde dans un environnement perpétuellement gelé, la Norvège est de nouveau sur le devant de la scène. Cette fois, l'intérêt médiatique qu'elle suscite est lié à une étude publiée par la High North Alliance, une organisation scandinave basée dans les Lofoten - !!!! - qui promeut la chasse à la baleine.

Une baleine économe en CO2

Je vous accorde qu'à première vue, le lien entre la chasse à la baleine et le réchauffement climatique peut paraître lointain. Mais rien n'est impossible à des citoyens réellement inquiets des conséquences de la hausse des températures sur leur environnement. Fidèle à cette maxime, la High North Alliance vient donc de démontrer qu'à poids égal, l'on émettait 8 fois plus de carbone en avalant un steack de boeuf qu'en avalant un steack de baleine de Minke (l'étude ne précise pas ce qu'il en est si l'on avale de la baleine bleue). A titre de comparaison, on émet également 2 fois plus de CO2 en mangeant du poulet (4,6 kg d'équivalent CO2 émis par kg) que de la baleine de Minke (1,9 kg d'équivalent CO2 par kg).

Ce résultat s'explique facilement : 1) contrairement au boeuf et au poulet, la baleine ne nécessite pas d'être nourrie avec des produits végétaux (céréales, soja) issus de l'agriculture, ce qui représente une économie substantielle en gaz à effet de serre qui aurait autrement été émis par les tracteurs, les engrais et le chauffage des élevages et 2) contrairement au boeuf, elle n'émet pas de méthane (un gaz à effet de serre très puissant). Faut-il donc conclure de la démonstration de la High North Alliance que l'avenir est dans le pot-au-feu de baleine?

Les limites du cétacé

Ceci serait sans doute un peu prématuré. En effet, bien que cette étude ait le mérite de mettre en lumière l'impact de notre alimentation sur les émissions de gaz à effet de serre, elle néglige -délibérément ?- de prendre en compte deux points qui auraient pourtant dû attirer l'attention de ses auteurs : 1) les stocks de baleine de Minke - ou de toute autre baleine, d'ailleurs - peuvent difficilement être considérés comme suffisants pour subvenir aux besoins croissants en viande de la population mondiale et 2) bien que l'étude ne le précise pas, la consommation d'1 kg de céréales produites au Royaume-Uni entraîne en moyenne des émissions d'équivalent CO2 presque 14 fois moindres que la consommation d'1 kg de baleine de Minke. A bon entendeur...

Image: dans la baie de Boston, par Nicolas.

La grande fièvre alpine


Val Thorens, la station de ski la plus haute d'Europe, envisage d'emballer un bout de glacier. L'information, parue dans le Dauphiné Libéré en juin dernier, est restée confidentielle. Pourtant, elle témoigne bien du malaise profond qui secoue actuellement les Alpes.

Des glaciers en détresse...

L'une après l'autre, les études scientifiques confirment en effet ce que les amoureux de la montagne observent depuis des années : les glaciers des Alpes vont mal. Selon une étude suisse parue en 2006, ils ont perdu 1/3 de leur surface et 50% de leur masse entre 1850 et 1980. Et ce n'est pas fini : ainsi que le fait remarquer une équipe de chercheurs franco-suisse, la majorité d'entres eux pourraient bien avoir disparu avant 2100.

... à sauver coûte que coûte

Dans nombre de vallées, ces observations inquiétent. Elles représentent en effet une menace très sérieuse pour la lucrative industrie touristique des Alpes. Si les petites stations se retrouvent acculées économiquement, les stations de plus grande taille tentent quant à elles de sauver leur gagne-pain par tous les moyens, allant s'il le faut jusqu'à emballer une partie de leurs glaciers dans des bâches réfléchissantes pour en limiter la fonte. La méthode est expérimentée depuis deux ans à Andermatt en Suisse et dans le massif du Stubai en Autriche.

Miracle ou mirage?

Miracle de l'inventivité humaine ou effort dérisoire? Depuis le début de ce mouvement de protection des glaciers, le débat fait rage, opposant la prise de conscience potentielle des touristes à la crainte d'une dénaturation de la montagne. En réalité, l'emballage des glaciers alpins fait surtout penser à l'arbre qui cache la forêt. Outre le fait qu'il semble difficilement envisageable de recouvrir la Mer de Glaces d'une bâche, la préoccupation pour la survie des domaines skiables n'est-elle pas dérisoire face à l'impact potentiel d'une fonte des glaciers des Alpes sur le débit de fleuves dont dépendent des millions d'Européens, comme le Rhône ou le Pô?

Image : glacier dans le Massif des Ecrins

lundi 25 février 2008

La saga du yaourt à la fraise

Ceci est un yaourt à la fraise. Un classique de l'alimentation occidentale, au point que rares sont aujourd'hui les personnes qui n'en ont jamais mangé. Depuis 1993 et le travail d'une chercheuse allemande, Stefanie Böge, c'est aussi un produit utilisé régulièrement comme illustration du problème posé par le transport des biens.

Un produit lamba à l'impact climatique disproportionné

Il n'y a pourtant rien de plus anodin que ce yaourt à la fraise disponible au rayon "produits laitiers" d'un supermarché de la région de Stuttgart, en Allemagne. Il est même plutôt chic, avec ses 150 g enserrés dans un pot de verre. On l'imagine relativement cher, probablement apte à satisfaire une clientèle "verte", qui tente peut-être de limiter ses émissions de gaz à effet de serre en baissant le thermostat du chauffage, en mangeant moins de viande ou en troquant la voiture contre le vélo. Cette clientèle ne se doute pas qu'en achetant ce yaourt aux fraises, elle sera indirectement responsable de l'émission de gaz à effet de serre correspondant à un transport total de plus de 8000 km...


Les fraises du yaourt sont en effet originaires de Pologne. Elles ont été transportées jusqu'en Allemagne de l'ouest pour être transformées en confiture, qui sera elle-même acheminée vers le sud de l'Allemagne. Les cultures bactériennes de yaourt proviennent du nord de l'Allemagne, la farine de blé et de maïs des Pays-Bas, la betterave à sucre de l'est de l'Allemagne, l'alluminium du couvercle de mines situées à des milliers de km et les étiquettes pour le pot de verre d'usines situées à 300 km du lieu de vente. Seul le lait et le pot en verre sont produits localement.

La saga du yaourt, un classique des aliments transformés

L'impact climatique disproportionné de ce yaourt aux fraises n'est pas exceptionnel. Aujourd'hui, 80% de nos achats alimentaires concernent des aliments transformés (plats surgelés, conserves, biscuits, pâtes, boissons, yaourts...). En France, le transport des aliments transformés représente le tiers des camions présents sur les routes (d'une manière générale, le transport de marchandises et de passagers représentait 21% des émissions françaises en 2004 et 15% des émissions mondiales en 2000). Par ailleurs, 15% des émissions françaises liées à l'industrie résultaient de la fabrication d'aliments transformés en 2004 (sachant que les activités industrielles étaient alors responsables de 20% des émissions françaises). Face à ces chiffres, il est facile de constater que les rayons de nos supermarchés et hypermarchés sont peuplés de centaines d'équivalents à ce yaourt aux fraises....

Retour aux fourneaux...

Face à ce raz de marée de produits transportés sur des centaines ou des milliers de km, le client "à conscience climatique" de notre supermarché à Stuttgart n'est toutefois pas totalement démuni : le principal ingrédient du yaourt (le lait) est en effet produit localement. Il ne lui reste plus qu'à acheter 1L de lait et à réaliser lui-même son yaourt... en espérant que ce soit la saison des fraises.

Sources :
Image 1 (le yaourt aux fraises, sans doute pas la version supermarché, mais plus appétissant, et qui respecte le principe de non-discrimination des marques)
Image 2 extraite de S. Böge, The well-travelled yogurt pot: lessons for new freight transport policies and regional production, World Transport Policy and Practice, Vol. 1 No. 1, 1995 pp. 7-11.

vendredi 1 février 2008

Champagne!

"Le grand public est extrêmement préoccupé par la question du changement climatique", m'ont déclaré plusieurs Britanniques à la mine grave la semaine dernière.

Venant d'un pays très axé sur les causes environnementales depuis la crise de la vache folle et qui s'est de plus récemment illustré par la publication du rapport Stern, ceci n'a sans doute rien d'étonnant. Pourtant, en Grande Bretagne comme ailleurs, il existe aussi des gens qui se réjouissent du changement climatique : parmi eux, on trouve les viticulteurs.

A première vue, les quelques centaines d'hectares de vignobles anglais peuvent prêter à sourire. Pourtant, en ces temps de crise de la viticulture européenne, la croissance du vignoble anglais est remarquable : à raison d'une hausse de 200 ha par an, la production de vins anglais (à ne pas confondre avec les vins britanniques, qui sont en fait des vins produits à partir de raisins importés) pourrait quadrupler en quelques années et atteindre le chiffre inattendu de 12 millions de bouteilles par an.

Ce développement spectaculaire attire depuis quelques mois de plus en plus d'intérêt. On murmure même dans les coulisses du monde du vin que des grands noms de la Champagne ont récemment traversé la Manche pour venir observer le phénomène de plus près. Et pour cause: alors que les sols du Sud-est anglais ont géologiquement la même origine que les sols champenois, un hectare de terre propre à la viticulture y coûte seulement 13 000€, soit environ 385 000€ de moins qu'en Champagne... En ces temps d'explosion des ventes du célèbre vin pétillant, voilà de quoi en faire réfléchir plus d'un!

Si les conditions climatiques ne sont pour l'instant pas toujours favorables à une production de qualité (quoique les vins pétillants anglais soient de plus présents dans les grandes compétitions internationales), ceci ne devrait pas durer : d'après les études climatiques réalisées sur la Grande Bretagne, les étés chauds et secs devraient devenir plus fréquents, à tel point qu'on estime actuellement qu'un été tel que 2003, marqué par des températures exceptionnellement élevées dans tout l'Ouest de l'Europe, pourrait être considéré comme un été frais en 2070. Voilà de quoi assurer de beaux jours à la viticulture anglaise...

Alors, champagne?

Image 1 : http://www.davenportvineyards.co.uk/images/photos/lyjune.jpg
Image 2 : http://www.bbc.co.uk/food/images/sparkling_300x193.jpg

mardi 29 janvier 2008

mercredi 16 janvier 2008

A new spring for the grand dégel!

After a very long dormancy, the grand dégel is back!

As I no longer live in America, it will take a more international turn, though still focused on climate change.

I'm looking forward to reading your comments.

La fonte du grand dégel

Après un silence de plusieurs mois, le grand dégel est de retour!

Comme je n'habite plus en Amérique, il prend une dimension plus internationale, mais continue sur la thématique du changement climatique.

A très bientôt pour de nouveaux posts!