dimanche 9 septembre 2007

Le cercle vicieux de l'Arctique


Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais depuis que les Russes sont allés planter un drapeau au pôle nord le 2 août, une sorte de "frénésie arctique" semble s'être emparée des diplomates. Que ce soit les Américains, les Canadiens, les Russes ou les Scandinaves, c'est à qui clamera le plus fort ses droits naturels et ancestraux sur les fonds arctiques et balaiera d'un revers de main méprisant les prétentions de ses concurrents.

Une fonte qui attire des convoitises...

La raison de cet intérêt subit? La fonte de l'Arctique s'accélère. Selon le National Snow and Ice Data Center, la surface gelée de l'Arctique en août 2007 était d'ores et déjà inférieure au précédent record, enregistré en 2005 à la fin du mois de septembre. La rapidité de la fonte des glaces a été telle cet été que même les modèles les plus pessimistes se sont révèlé incapables de la prévoir correctement. Voici de quoi réjouir plus d'un investisseur, pour qui la disparition des glaces permet d'envisager à moyen terme un accès aux réserves d'hydrocarbures des fonds artiques, qui pourraient se révéler supérieures à celles de l'Arabie Saoudite.

... et qui soulèvent des inquiétudes

Pourtant, la fonte de l'Arctique est loin d'être un sujet de réjouissance pour tout le monde. Pour les scientifiques, c'est même plutôt un énorme sujet d'inquiétude. Les pôles sont en effet un fantastique amplificateur potentiel du réchauffement climatique. Ceci vient du fait qu'il existe une différence fondamentale entre la glace et l'océan liquide : là où la première renvoie plus de 80% des rayons du soleil vers l'atmosphère, le second les absorbe à plus de 90%. A l'heure actuelle, la calotte glaciaire des pôles permet de limiter le réchauffement climatique en évitant qu'une partie de l'énergie solaire reçue par la Terre ne soit absorbée par cette dernière. Mais si la glace des pôles se met à fondre, cette énergie sera absorbée par la mer, ce qui favorisera l'augmentation de la température moyenne des océans. Or, plus une masse d'eau est chaude, plus elle se dilate, plus son niveau augmente...

Le paradoxe climatique

La nouvelle "frénésie polaire" des pays du Nord, qui ne voient dans la fonte de l'Arctique qu'un accès potentiel à des ressources fossiles jusque là inaccessibles, est typique d'un des grands paradoxes de ce début de 21ème siècle : alors que le réchauffement climatique prend de plus en plus l'allure d'un défi planétaire extrêmement urgent, l'inquiétude sur ses conséquences est d'une manière générale surtout manifestée par les spécialistes du domaine. Cette situation est exactement l'inverse de ce que l'on observe dans nombre de domaines scientifiques ayant des implications pour le grand public, tels que l'énergie nucléaire ou les OGM.

Pourquoi cette différence? Peut-être parce que les effets du réchauffement sont pour l'instant surtout visibles dans des zones peu peuplées. Peut-être aussi parce qu'il nous est difficile d'imaginer que les évènements qui se produisent actuellement en Arctique puisse avoir un impact déterminant sur nos vies et celles de nos enfants. Peut-être enfin parce qu'il est plus facile de faucher un champs de maïs que de modifier nos modes de vie.

Source :
Field Notes from a Catastrophe, de Elizabeth Kolber
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Photo :
http://www.interet-general.info/IMG/Norvege-Region-Tromso-Paysage-Arctique-1.jpg

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