jeudi 12 juillet 2007

Le grand réveil de la conscience américaine


Ils sont unanimes : depuis environ 18 mois, les Etats-Unis connaissent un fantastique renversement d'opinions sur la question du changement climatique. De la côte est à la côte ouest, la "révolution climatique" a été perçue par toutes les personnes avec qui je me suis entretenu jusqu'à présent.

Une prise de conscience qui enterre (enfin!) le supposé débat scientifique

Les sondages effectués ces derniers mois confirment cette tendance. D'après le Pew Research Center, 38% des Américains considèrent aujourd'hui le changement climatique comme une priorité absolue, soit 14% de plus qu'en 2002. Si le problème n'est pas encore considéré comme une urgence par la majorité de la population, le débat scientifique sur le sujet est bel et bien enterré : en janvier 2007, 77% des Américains pensaient que le réchauffement climatique était réel, soit presque 10% de plus qu'en juin 2006.

L'impact d'un ouragan...

Les causes de ce changement d'opinions? Elles semblent être multiples. Pour Annie Strickler, directrice de la communication d'ICLEI USA, une association qui aide les gouvernements locaux à mettre en place des mesures de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre, la prise de conscience climatique a débuté avec l'ouragan Katrina qui a si durement frappé la Nouvelle Orléans en 2005. La catastrophe n'est toutefois pas la seule cause de la nouvelle sensiblité américaine : les évènements climatiques locaux (manque de neige, sécheresse), ainsi que la nouvelle majorité Démocrate jouent également un rôle dans la prise de conscience collective.

... et d'un documentaire

Pour beaucoup d'Américains, le film-sensation d'Al Gore a également une part de responsabilité. Comme le fait remarquer le Dr. Stephen Nodvin, "Gore est parvenu grâce à son film à attirer l'attention d'un public de plus en plus difficile à intéresser." An Inconvenient Truth aurait ainsi permis de sortir la question climatique des cercles intellectuels où elle était traditionnellement confinée pour en faire une préoccupation de M. Tout le Monde. Prouvant qu'il a fait sienne la maxime selon laquelle l'on ne change pas une formule qui gagne, Gore vient d'ailleurs de renouveller sa recette du divertissement grand public avec la soirée de concerts mondiaux Live Earth du 7 juillet (bien que je constate que "le monde" concerné se concentre quand même un peu toujours sur les mêmes : sur 8 concerts, 4 ont eu lieu dans des villes anglophones...)

Selon Anthony Leiserowitz, directeur du projet sur le changement climatique de la (très) prestigieuse université de Yale et interviewé récemment par la National Public Radio dans le cadre de sa série Climate Connections, l'impact de l'action de Gore est toutefois surestimé. Selon lui, les gens qui ont aimé (et qui sont allés voir) son film sont des Démocrates, traditionnellement déjà sensibilisés à la question. Pour lui, l'impact de Katrina sur l'imaginaire collectif est nettement plus important.

Un sujet à scandales qui regorge d'opportunités économiques

Enfin, selon le journaliste scientifique Chris Mooney, qui s'est longuement penché sur la question, l'attention du public a aussi été attirée par une forte hausse de l'intérêt des médias pour le phénomène, en bonne partie suite à l'ouragan Katrina. Mooney cite non seulement une augmentation considérable de la couverture médiatique sur le sujet depuis quelques mois (ce que n'importe quelle personne consultant régulièrement des journaux américains pourra confirmer sans difficulté), mais également un changement substantiel de l'angle sous lequel il est traité.

Le changement climatique, longtemps uniquement abordé sous l'angle du supposé débat scientifique, est en effet devenu un sujet à scandales. Alors que les journalistes déterraient un à un les divers mensonges de l'administration Bush dans le cadre de la guerre en Irak, ils ont également (bien mal à propos) mis le doigt sur les tentatives d'intimidation des scientifiques et de dissimulation des faits pratiquées par le gouvernement... Face à toutes ces maladresses, la grande thèse de l'incertitude face au changement climatique a perdu quelque peu de son éclat. Les médias ont donc préféré s'emparer des petites histoires et des grandes opportunités économiques dont le sujet regorge.

Un intérêt passager ?

Dans un monde où l'information est instantanée, un tel engouement peut-il toutefois durer? Selon Anthony Leiserowitz, rien n'est moins sûr. Il est donc plus que temps de profiter de cette période de grâce pour mettre en place des politiques nationales courageuses...

English Version: The new climate awareness of America

Photo 1 : http://images.businessweek.com/ss/07/03/0329_pupilpower_timeline/source/8.htm
Photo 2: http://images.businessweek.com/mz/04/33/0433covdc.gif

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bien que la planète semble se réchauffer, les raisons de son réchauffement sont détournées.

Le vrai responsable c'est le soleil
Faite des recherches personnelles et ne vous fier pas sur les medias pour vous instruire, car les médias sont controlés et l'information fait parti d'un conditionnement .

La conscience humaine dort encore trop pour comprendre les phénomènes qui se produisent sur la planète terre. Comme des moutons ils ont été habitué a suivre un berger qui leur donnait une explication mais pas nécessairement la vérité.

Pour les humains qui croient au réchauffement de la planete est creer par le CO2 des humains et animaux, méfiez-vous de cette explication simpliste et désinformante.

Le soleil entre dans un cycle de réchauffement ainsi la galaxie en sera toute affecté.

Sophie a dit…

Cher Anonyme,

Effectivement, les cycles solaires peuvent avoir une part de responsabilité dans les variations climatiques. Mais ceci ne veut pas dire que les gaz à effet de serre n'ont aucune part de responsabilité dans le phénomène de réchauffement que nous observons actuellement. Il est tout à fait possible que ces deux sources exercent une influence.

Vous dites ne pas aimer les explications simplistes. N'avez vous pas l'impression que mettre l'intégralité de la responsabilité du réchauffement sur le dos des cycles solaires est simpliste, justement?