lundi 30 juillet 2007

Le scepticisme climatique : une opinion très largement influencée par la politique

Ils sont partout : sur les blogs, sur les forums de discussion, dans les journaux et dans la rédaction des articles de Wikipedia. "Ils', ce sont les "sceptiques climatiques", les représentants d'un courant de pensée qui reste encore très important aux Etats-Unis.

Si le changement climatique est aujourd'hui perçu comme une réalité par une majorité des Américains, ses causes sont encore fortement débattues : en janvier 2007, seuls 53% de la population américaine pensait que le réchauffement était lié aux activités humaines. Tour d'horizon d'un point de vue souvent étroitement lié à des convictions politiques...

  • Dans l'esprit des sceptiques, le réchauffement climatique est une idée de gauche (bien qu'il reste à déterminer comment un phénomène physique peut manifester une affiliation politique). En sa qualité de "gauchiste", la personne qui considère que le CO2 émis lors des activités humaines est responsable d'une augmentation moyenne de la température terrestre est donc assimilée aux altermondialistes, aux environnementalistes et aux communistes (plus précisément aux Stalinistes). L'idée sous-jacente à ce classement étroit est que le "réchauffiste" est un fervent adversaire de l'économie de marché et du capitalisme (donc un non-patriote) et qu'il souhaite ardemment imposer un régime coercitif sur la population américaine au nom du sacro-saint Environnement.
  • Les anti-effet de serre ont une dent contre le GIEC. Le panel d'experts est composé selon eux de "non-scientifiques" et de gens politiquement biaisés en faveur d'un impact humain sur le climat (pour information, non seulement le GIEC est bel et bien composé de scientifiques, mais certains éminents sceptiques, comme Patrick Michaels, en font partie. La majorité des scientifiques s'accordant sur le fait que les activités humaines sont responsables d'une augmentation de l'effet de serre, le GIEC reflète ce consensus). Les sceptiques remettent particulièrement en cause le fait que les conclusions du GIEC s'appuient sur des modélisations informatiques, ce qui leur parait une source d'erreur et de simplification.
  • L'existence d'un réchauffement est généralement admise. Ce qui pose problème, c'est le concept que les êtres humains puissent y être pour quelque chose. En conséquence, les sceptiques consacrent une énergie considérable à appuyer lourdement sur les moindres brêches observées dans les derniers résultats de la recherche climatologique et brandissent comme des étendards leurs théories alternatives. Leur préférée est sans doute l'idée émise par le Danois Henrik Svensmark que les variations climatiques sont le résultat de cycles solaires. Bien que présentant indéniablement un certain mérite, cette théorie concerne toutefois des cycles de 11 ans en moyenne et ne peut donc pas vraiment expliquer des variations à long terme (ce que les sceptiques ont tendance à passer sous silence).
  • Les anti-réchauffement confondent régulièrement météo et climat (ils ne sont pas les seuls) : ils écriront ainsi triomphalement les jours de neige ou de pluie pour annoncer "qu'ils vous avaient bien dit que toute cette histoire était une fraude".
  • Enfin, les sceptiques se targuent d'être des libres-penseurs. Contrairement au reste de la population américaine, ils ne tombent pas dans "l'hystérie collective". Leur modèle? Galilée, qui en défendant opiniâtrement le fait que la Terre tourne autour du Soleil, a démontré que l'on peut être seul contre tous et avoir raison. C'est vrai, mais c'est faire bien peu de cas du fait que la science avance d'une manière générale par consensus...
Photo : http://unitedcats.files.wordpress.com/2007/05/global_warming-_proof.jpg

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour,

J'aime beaucoup votre article, avec sa touche d'humour pince sans-rire! Le réchauffement climatique est, en effet, un sujet d'actualité qu'il n'est pas tjrs facile d'aborder sans retomber dans les redondances déjà écrites sur ce thème.

Je voudrai savoir s'il est possible de le reproduire intégralement dans: le Recherché, journal des étudiants aux cycles supérieurs de l'École Polytechnique de Montréal?

Évidemment, vous serez citée comme étant l'auteur de l'article et un lien fera directement référence à votre blog. Aucune rémunération n'est cependant possible parce que le journal émane d'une association étudiante à but non lucratif.

Pour me contacter:

Marie-Laure de Boutray
recherche-aecsp@polymtl.ca

Merci.