lundi 17 mars 2008

La baleine, nouvel eldorado vert?

Températures anormalement douces, couche de neige inexistante, absence de glace dans le port de Helsinki... Au cours des derniers mois, mes contacts au Danemark, en Suède ou en Finlande m'ont confirmé que la Scandinavie était en train de vivre pour la deuxième année consécutive un hiver qui brille... par son absence. L'enchaînement des records de douceur a fini par entraîner un certain malaise, tant les bouleversements qu'il semble augurer sont importants.

La Norvège, pionnier de la lutte contre le réchauffement climatique

Dans ce contexte, quoi d'étonnant à ce que la Norvège, le pays le plus septentrional d'Europe soit un pionnier dans la lutte contre le réchauffement climatique ? Après avoir fait récemment la une des journaux lors de l'inauguration de la Banque de Graines du Svalbard, qui permet d'entreposer des graines de tous les pays du monde dans un environnement perpétuellement gelé, la Norvège est de nouveau sur le devant de la scène. Cette fois, l'intérêt médiatique qu'elle suscite est lié à une étude publiée par la High North Alliance, une organisation scandinave basée dans les Lofoten - !!!! - qui promeut la chasse à la baleine.

Une baleine économe en CO2

Je vous accorde qu'à première vue, le lien entre la chasse à la baleine et le réchauffement climatique peut paraître lointain. Mais rien n'est impossible à des citoyens réellement inquiets des conséquences de la hausse des températures sur leur environnement. Fidèle à cette maxime, la High North Alliance vient donc de démontrer qu'à poids égal, l'on émettait 8 fois plus de carbone en avalant un steack de boeuf qu'en avalant un steack de baleine de Minke (l'étude ne précise pas ce qu'il en est si l'on avale de la baleine bleue). A titre de comparaison, on émet également 2 fois plus de CO2 en mangeant du poulet (4,6 kg d'équivalent CO2 émis par kg) que de la baleine de Minke (1,9 kg d'équivalent CO2 par kg).

Ce résultat s'explique facilement : 1) contrairement au boeuf et au poulet, la baleine ne nécessite pas d'être nourrie avec des produits végétaux (céréales, soja) issus de l'agriculture, ce qui représente une économie substantielle en gaz à effet de serre qui aurait autrement été émis par les tracteurs, les engrais et le chauffage des élevages et 2) contrairement au boeuf, elle n'émet pas de méthane (un gaz à effet de serre très puissant). Faut-il donc conclure de la démonstration de la High North Alliance que l'avenir est dans le pot-au-feu de baleine?

Les limites du cétacé

Ceci serait sans doute un peu prématuré. En effet, bien que cette étude ait le mérite de mettre en lumière l'impact de notre alimentation sur les émissions de gaz à effet de serre, elle néglige -délibérément ?- de prendre en compte deux points qui auraient pourtant dû attirer l'attention de ses auteurs : 1) les stocks de baleine de Minke - ou de toute autre baleine, d'ailleurs - peuvent difficilement être considérés comme suffisants pour subvenir aux besoins croissants en viande de la population mondiale et 2) bien que l'étude ne le précise pas, la consommation d'1 kg de céréales produites au Royaume-Uni entraîne en moyenne des émissions d'équivalent CO2 presque 14 fois moindres que la consommation d'1 kg de baleine de Minke. A bon entendeur...

Image: dans la baie de Boston, par Nicolas.

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