vendredi 8 juin 2007

G8 : ni noir, ni blanc

Caricature de Dan Perjovschi

L'improbable compromis climatique du G8

Après une semaine d'intenses spéculations médiatiques, j'ai constaté aujourd'hui avec surprise un relatif désintérêt de la presse pour l'issue des négociations climatiques qui se sont tenues ces derniers jours au sommet du G8 à Heiligendamm en Allemagne.

Le débat a pourtant fait rage au bord de la Baltique. Jusqu'au bout, les partisants d'une politique chiffrée de réduction des émissions et d'un début de réflexion sur la politique climatique internationale après 2012 (date d'expiration du protocole de Kyoto) ont semblé craindre que les Etats-Unis ne bloquent complètement les discussions. Le potentiel d'un dérapage diplomatique sur la question climatique a fait couler beaucoup d'encre des deux côtés de l'Atlantique.

Enfin un début d'engagement américain

C'est sans doute l'absence de dérapage qui explique la soudaine indifférence des médias. Le sommet s'est en effet conclu par un accord qui semble satisfaire les deux partis. Du côté européen, les journaux français et allemands vantent l'efficacité diplomatique d'Angela Merkel. Ils se félicitent du fait que les Américains ont pour la première fois accepté l'idée de participer à des négociations visant à mettre en place les fondations d'un nouvel accord climatique international pour succéder à Kyoto (on remarquera tout de même que cette participation théorique a été fixée à 2009, ce qui permet à M. Bush de terminer son mandat sans se mouiller les mains). Par ailleurs, les Etats-Unis ont déclaré jeudi qu'ils allaient "sérieusement considérer" le plan européen de réduction des émissions de 50% d'ici à 2050, ce qui ne les engage pas à grand chose.

... mais toujours pas d'objectifs chiffrés

Côté américain, on semble considérer (quand on en parle) que les Européens ont plié face à l'administration Bush, qui avait déclaré avant le sommet refuser catégoriquement la mention d'objectifs chiffrés de réductions des émissions dans le rapport final du sommet. Par ailleurs, les Européens ont accepté l'idée récemment formulée par le Président Bush de réunir les 15 plus grands émetteurs de gaz à effet de serre mondiaux afin de fixer des objectifs nationaux de réduction des émissions.

Et une diminution des capacités à observer le phénomène

Malgré leurs déclarations d'intention, les Etats-Unis ont-ils réussi à retarder leur engagement dans une coopération internationale sur la question climatique? Sans doute. Mais si l'on en croit le Christian Science Monitor et le Kansas City Star, l'Amérique sera bientôt contrainte de coopérer (au moins scientifiquement) avec l'Europe dans le cadre climatique. L'Associated Press vient en effet de déterrer un rapport confidentiel adressé à la Maison Blanche, qui avertit cette dernière des conséquences d'importantes réductions du budget satellites américain. La récente décision de focaliser les satellites nationaux sur la prévision météorologique à court terme devraient en effet obliger les scientifiques américains à dépendre des données récoltées par les Européens pour suivre l'évolution du changement climatique. Voilà qui ne manque pas de sel, venant d'une administration qui a toujours été une grande avocate du "mesurons avant d'agir"...

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