mercredi 20 juin 2007

Encombrants sacs plastiques...

La passion du plastique

Voilà quelques mois maintenant que je suis aux Etats-Unis et l'une des choses à laquelle je n'arrive pas à me (ré)habituer est la guerre incessante que je suis obligée de mener contre les sacs et emballages plastiques. Une seconde d'inattention à la caisse de la pharmacie? Je ressors avec 3 sacs plastiques autour de mon malheureux shampooing. Un début de discussion avec la caissière au supermarché? Me voilà avec 2 sacs plastiques pour chacun de mes articles. Je précise par précaution au début de la conversation que je n'en veux pas? Je retrouverai quand même mes oeufs et mon lait enveloppés chacun très soigneusement dans 2 sacs plastiques.

Ici comme ailleurs, l'emballage plastique est la devise indispensable à une bonne transaction commerciale. Sur le site de Reusablebags, on apprend ainsi que les Américains en consommeraient selon le Wall Street Journal plus de 100 milliards par an. Si l'on tient compte de tous les emballages plastiques, ce chiffre monterait selon l'Environmental Protection Agency à 380 milliards par an. On comprendra dans ces conditions que mon refus de remplir mes placards de cette monnaie encombrante (car théoriquement non acceptée par le service des ordures, il y a des sacs plastiques spéciaux _et payants_ pour ça) se heurte à une certaine incompréhension!

Une décision inédite à San Francisco...

Pourtant, j'ai découvert aujourd'hui en ouvrant un vieux numéro du Christian Science Monitor que je ne suis pas la seule à déplorer l'omniprésence des emballages plastiques. La ville de San Francisco a en effet décidé en mars dernier de bannir l'usage des sacs non-biodégradables dans l'ensemble des supermarchés et des pharmacies de la ville, qui distribueraient selon ses estimations 90% des sacs. Cette décision est une première aux Etats-Unis. Si San Francisco l'a prise, c'est avant tout parce que la ville fait face à un vrai manque d'espace pour la mise en place de nouvelles décharges publiques et que son programme de recyclage des emballages, mis en place il y a une dizaine d'années, n'a pas porté ses fruits : ici comme ailleurs aux Etats-Unis, seuls 1% des emballages plastiques seront réutilisés (ce qui en passant est une très bonne chose pour le contribuable, puisque recycler une tonne de sacs plastiques représente un coût net pour la collectivité de près de 4000$, soit un peu moins de 3000€).

... qui présente des "avantages climatiques"...

La décision prise par San Francisco a également un intérêt en terme de lutte contre le réchauffement climatique. Voici les faits : chaque année, la ville consomme 181 millions de sacs plastiques. Leur élimination va permettre d'économiser plus de 1,6 millions de litres de pétrole. Avec une telle quantité de carburant, on pourrait faire rouler 140 000 voitures par jour en plus. Impressionnant, non? Je me prends à imaginer ce qui se passerait si une telle mesure était étendue à l'ensemble des Etats-Unis... D'après mes calculs, celà reviendrait à diminuer les émissions américaines de l'équivalent de 77 millions de voitures.

... mais aussi des inconvénients potentiels!

Toutefois, la décision de San Francisco peut aussi se révéler négative pour le climat. En effet, l'impact réel de cette mesure dépendra beaucoup de l'alternative qui va être choisie par les grandes surfaces de la ville. Si ces dernières préfèrent distribuer des sacs en papier plutôt que des sacs biodégradables en amidon, dont le coût a passablement augmenté ces derniers mois à cause de la pression que fait peser la demande en éthanol sur les cours du maïs, cette mesure pourrait même se révéler catastrophique. En effet, selon la Society of the Plastics Industry, il faut quatre fois plus d'énergie pour produire un sac en papier qu'un sac en plastique. Par ailleurs, les sacs en papier sont obtenus à partir de la pulpe de bois (leur production est donc dépendante de la coupe de forêts) et il semble peu raisonnable aujourd'hui de promouvoir la coupe massive des forêts tempérées, qui servent très utilement de puits pour une partie du carbone que nous rejettons dans l'atmosphère...

Alors, bonne ou mauvaise nouvelle? L'avenir nous le dira. Mais je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il y a peut-être un avenir brillant à San Francisco pour ces "cabas à roues" devenus si courants à Paris (si quelqu'un connait leur nom exact, je suis preneuse). A bon entendeur...

1 commentaire:

Denis a dit…

On peut produire d'excellents sacs d'emballage biodégradables, compostables, recyclables incinérables, à partir de l'amidon de maïs. Pas d'incidence sur nos forêts mais le problème de l'énergie dépensée à les produire que vous soulevez reste entier