mercredi 30 mai 2007

Le super low-cost à la conquête de l'Amérique

L'arrivée du super low-cost en Amérique

Je viens de lire un article intéressant dans le Los Angeles Times, qui m'a fait réfléchir. A l'origine, l'article n'est pas du tout axé sur la problématique du changement climatique. Il s'agit d'un article économique, qui traite plutôt d'une bonne nouvelle pour les consommateurs : le super low-cost (encore moins cher que pas cher) arrive en Amérique.

La compagnie prise en exemple, Skybus (qui dessert une dizaine de grandes villes américaines), offre apparemment 10 sièges à 10$ sur chacun de ses vols. Les autres sièges sont vendus entre 50 et 175$ l'aller. Comme toujours avec le low-cost, ces prix correspondent à un plancher et le plafond, lui, peut monter très haut, à grand coups de 15$ pour un coussin ou 3$ pour un verre d'eau. Néanmoins, pour un passager sans exigence particulière et prêt à passer plusieurs heures dans un confort minimum, sans boire et sans manger, le billet est environ à la moitié du prix observé sur les compagnies aériennes classiques, ce qui en fait une véritable occasion.

Une décision économiquement rationnelle

C'est le raisonnement que s'est tenu Shahla Salamat, une habitante de Santa Monica, qui a préféré prendre pour elle même et sa famille un vol low-cost Los Angeles-Colombus (Ohio) puis rouler jusqu'à Atlanta en Géorgie plutôt que d'acheter un vol "classique" Los Angeles-Atlanta.

Il suffit de regarder une carte des Etats-Unis pour comprendre que ce trajet est une aberration. Shahla et sa famille ont parcouru 1350 km de plus que nécessaire, soit à peu près la distance entre Paris et Valencia, en Espagne. Pourtant, en terme économique, on ne peut que lui donner raison : Shahla avait le choix entre un trajet Los Angeles-Atlanta à 600$/personne (environ 400€) et un trajet via l'Ohio à 240$/personne (160€). L'économie totale liée au trajet qu'elle a choisi représente environ 2000$, de quoi décider n'importe qui.

L'équivalent des émissions annuelles d'un Canadien pour un weekend

J'ai calculé les émissions de carbone par personne liées à ce voyage, grâce au calculateur d'ICLEI. Le voyage en avion (18460km AR) a généré l'émission de 4,6 tonnes de CO2, soit l'équivalent de la moyenne annuelle d'émissions d'un Canadien. Le trajet en voiture est responsable quant à lui de l'équivalent du cinquième des émissions annuelles d'un Chinois.

Le très bas prix des vols low-cost est dû aux très faibles coûts de personnel et de service de la compagnie aérienne qui les propose. A aucun moment, le prix de l'émission dans l'atmosphère d'une certaine quantité de CO2 n'est pris en compte (ce qui n'est pas spécifique aux vols low-cost). J'ai calculé que pour réduire la différence de prix entre les deux trajets à 30% et amener Shahla à envisager le voyage sur une compagnie classique, qui lui aurait épargné de nombreuses heures de route (et les émissions qui y sont liées), il aurait fallu appliquer une taxe d'au moins 0,03$/km. Le trajet Los Angeles-Atlanta via l'Ohio aurait alors coûté 834$ AR et le trajet direct Los Angeles-Atlanta aurait coûté 1150$.

Sauf que si le trajet avait été à ce prix, il est improbable que Shalah aurait fait le voyage jusqu'à Atlanta. Surtout pour deux jours au mariage d'un cousin.

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