-1,5% en 2007, -1,9% en 2008, -8,5% en 2009.... Au Royaume-Uni, les émissions nationales de gaz à effet de serre se réduisent comme peau de chagrin. Selon les estimations provisoires du Ministère de l'Energie et du Changement Climatique, le pays est parvenu en 2009 à ramener ses émissions annuelles à 575 millions de tonnes équivalents CO2, ce qui représente une chute de plus de 25% des émissions par rapport au niveau de 1990. Ce résultat dépasse largement l'objectif de -12,5% par rapport à 1990 fixé dans le cadre du protocole de Kyoto et le Royaume-Uni fait donc figure de bon élève dans la cour européenne.
Le maillon faible du protocole
Pourtant, les choses ne sont pas aussi roses qu'elles le paraissent à première vue. Si j'en crois les résultats d'une analyse publiée en janvier 2010 dans le journal scientifique Environmental Science and Technology, le bilan britannique est surtout emblématique de l'un des grands paradoxes du protocole de Kyoto. Certes, entre 1990 et 2004 (la période couverte par l'étude), l'économie britannique s'est décarbonée, notamment grâce à la transition vers une économie plus axée sur les services et qui privilégie l'utilisation du gaz naturel à celle du charbon. Mais cette transition n'a pas impacté à la baisse les habitudes de consommation des Britanniques, qui ont continué à acheter des biens manufacturés. Les biens en question ont simplement eu tendance à être de moins en moins souvent fabriqués au Royaume-Uni et de plus en plus souvent importés de pays non soumis à des obligations de réductions d'émissions dans le cadre du protocole de Kyoto. En tenant compte de ce flux grandissant d'importations, il apparait qu'entre 1990 et 2004, le Royaume-Uni a en réalité vu ses émissions de gaz à effet de serre enfler d'environ 9%, ce qui est fort éloigné de l'objectif fixé par le protocole international.
Bien que cette analyse n'ait pas été réalisée de manière détaillée pour l'ensemble des pays de l'Union Européenne, le cas du Royaume-Uni peut sans doute être comparé à l'arbre qui cache la forêt. A l'heure où les débats internationaux concernant l'après Kyoto font rage, il serait par conséquent de bon ton de réaliser qu'il y a peut-être quelque chose de pourri dans ce protocole...
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