L'argument ultime des sceptiques
Ces dernières années, la cote de popularité du Groenland progresse au moins aussi vite que la concentration de gaz à effet de serre dans l'atmosphère. L'île suscite bien sûr un intérêt marqué chez les scientifiques et dans les milieux d'affaire. Mais elle est également de plus en plus citée - et cela peut paraître plutôt paradoxal - par les sceptiques climatiques. C'est qu'elle offre un argument massue pour parer à tout embryon de discussion sur le changement climatique : son nom.
Voici l'idée générale : le Groenland a été baptisé aux alentours de l'an mil, lors de la dernière période de réchauffement connue de l'Atlantique nord, appelée la "période chaude médiévale". Son nom signifie "terre verte" en langue scandinave, ce qui évoque plus l'Irlande que la banquise... Or, si le Groenland ressemblait à l'Irlande il y a mille ans, alors on peut déduire sans risque que l'île est actuellement plus froide qu'au Moyen-Age ; il n'y a donc pas matière à discuter pendant des heures d'un hypothétique réchauffement du climat.
La logique du raisonnement semble imparable... mais fait peu de cas de la réalité historique et de la personnalité du grand "découvreur" de l'île, Erik le rouge.
Un tempérament violent, mais inventif...
Même selon les standards de son époque, Erik le rouge n'est pas un individu très recommandable. Né en Norvège vers 950, il est impliqué dans un meurtre aux alentours de son 25ème anniversaire. Ceci lui vaut une condamnation à l'exil en Islande, alors colonie norvégienne. Mais son séjour dans ce pays sera également marqué par un bain de sang. Confronté à plusieurs conflits de voisinage, Erik n'est en effet pas très porté sur la médiation. Après un différend particulièrement violent qui se solde par de nombreux morts aux alentours de 982, Erik est banni d'Islande pour une période présumée de 3 ans.
Cette condamnation place Erik dans une situation extrêmement délicate ; interdit de séjour en Norvège et en Islande, il se trouve sans possibilité de repli. Toutefois, Erik n'est pas homme à s'en laisser conter. Il se souvient des déclarations de Gunnbjörn, un Viking qui prétendait avoir découvert une terre plus à l'ouest un siècle auparavant, et risque le tout pour le tout ; affrétant un bateau, il part à la recherche de cette terre de l'ouest. Sa tentative est couronnée de succès : son navire débarque finalement au Groenland, qu'il explorera durant la durée de son exil avant de décider d'y fonder une colonie.
... chez l'un des premiers grands publicitaires de l'Histoire?
Il est plus que probable qu'en trois années sur place, Erik a l'occasion de se rendre compte que les arguments en faveur de l'installation d'une colonie basée sur l'élevage et le commerce en Arctique sont plutôt minces. Le Groenland est douloureusement éloigné de la Norvège, coupé du monde par la glace pendant la majorité de l'année. Les hivers y sont terribles ; les terres ne sont pâturables que trois mois dans l'année et le bois est rare. Pour couronner le tout, le fer est très difficile à obtenir. Mais il en faut plus pour décourager un homme comme Erik. Tout à son objectif (qui prend d'autant plus d'importance que son retour en Islande se passe plutôt mal), il choisit d'appeler son eldorado arctique "terre verte". Ainsi qu'en témoignent certaines chroniques nordiques, il espère en effet "que ceux qui le suivront seront plus nombreux si la terre a un beau nom". Son pari sera payant et marque le début d'une colonie qui durera plus de 400 ans... et d'un mythe qui lui survivra bien davantage.
Sources :
Collapse de Jared Diamond
Heimskringla (textes des sagas scandinaves, en particulier Islendigabok)
Images:
Kayak au Groenland, photo de National Geographic
ruine viking au Groenland
mercredi 18 février 2009
lundi 2 février 2009
Inquiétude en Californie
Selon un article paru sur Reuters le 30 janvier, la Californie semble s'acheminer vers une troisième année de sécheresse, ce qui risque d'avoir un impact dévastateur sur des pans entiers de l'économie de l'état.
Alors que les mois de décembre et janvier sont en moyenne les plus humides en Californie, la Sierra, qui fournit 2/3 de l'eau californienne, n'a pour l'instant reçu qu'1/3 des précipitations neigeuses attendues. Il est peu probable que ce déficit puisse être comblé au cours des prochains mois, car nous nous acheminons cette année encore vers un système climatique La Niña, ce qui implique des précipitations inférieures à la normale dans le nord de la Californie, où sont enregistrées la majorité des précipitations.
Des épisodes de sécheresse de 3 ans ou plus ont été rares en Californie au cours du 20ème siècle. On n'en compte que deux : l'un dans les années 30 et l'autre entre 1987 et 1992.
Alors que les mois de décembre et janvier sont en moyenne les plus humides en Californie, la Sierra, qui fournit 2/3 de l'eau californienne, n'a pour l'instant reçu qu'1/3 des précipitations neigeuses attendues. Il est peu probable que ce déficit puisse être comblé au cours des prochains mois, car nous nous acheminons cette année encore vers un système climatique La Niña, ce qui implique des précipitations inférieures à la normale dans le nord de la Californie, où sont enregistrées la majorité des précipitations.
Des épisodes de sécheresse de 3 ans ou plus ont été rares en Californie au cours du 20ème siècle. On n'en compte que deux : l'un dans les années 30 et l'autre entre 1987 et 1992.
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