jeudi 26 mars 2009

Climat, météo, kesako?

Neige marseillaise. La publication de ce dessin a été gentiment autorisée par son auteur, MOIX.

Amis lecteurs, je pense ne rien vous apprendre : Marseille et ses environs jouissent d'un climat méditerranéen. Outre la présence de touristes, ceci signifie en pratique que les étés marseillais sont généralement chauds, alors que les automnes et les hivers sont doux. L'essentiel des précipitations est observé en automne et en hiver.

A l'opposé et malgré une latitude proche, Montréal est soumise à un climat continental. Ceci signifie que les hivers sont (très) froids et les étés chauds. La ville est arrosée toute l'année.

Maintenant, tenez vous bien : le 7 janvier 2009, il a neigé à Marseille (et probablement aussi à Montréal, mais personne n'a jugé utile d'en faire la une des journaux). Malgré tout l'intérêt de cet évènement, vous conviendrez avec moi qu'il ne remet pas fondamentalement en cause l'information précédente : Marseille est et reste une ville méditerranéenne. Le fait qu'il ait neigé dans les deux villes ne signifie en aucun cas que le climat de Montréal est en train de devenir celui de Marseille. Pour que ce soit le cas (que les Marseillais se rassurent, ça se saurait), il faudrait qu'il neige régulièrement de nombreux hivers de suite à Marseille, que la moyenne des températures enregistrées à Marignane diminue de plusieurs degrés aussi bien en hiver qu'en été et que les chênes verts cèdent la place aux érables. Comme toutes ces modifications ne se feraient pas en une nuit ni même en une décennie, nous n'aurions la certitude d'un changement de climat que bien des années après qu'il ait débuté.

De la différence entre un évènement isolé et une moyenne

Il s'en suit qu'il est incorrect de relier un évènement climatique isolé, quel qu'il soit, à un climat donné et a fortiori à un changement de climat. Ce n'est pas parce qu'il fait froid à Marseille en janvier 2009 qu'un refroidissement climatique guette la ville. Ce n'est pas non plus parce que la Nouvelle Orléans finit dévastée après le passage d'un cyclone que cela prouve qu'il y a réchauffement du climat. Par contre, c'est parce que l'on observe depuis des décennies une hausse de la température moyenne planétaire (plus marquée aux pôles qu'à l'équateur) que l'on a la certitude qu'il y a un changement climatique en cours. Dans ce genre de contexte, les évènements comme Katrina deviennent plus probables. Et les chutes de neige à Marseille moins fréquentes, même si elles peuvent encore avoir lieu. La preuve.

English version: Meteorology and climatology: two different worlds

dimanche 15 mars 2009

La soif guette Las Vegas

Alors, ils vinrent avec des bulldozers et créèrent une oasis au milieu du désert...

Las Vegas a longtemps vécu au dessus de ses moyens. Longtemps, elle a puisé sans compter dans le Colorado voisin afin d'alimenter des piscines, des golfs et des pelouses toujours plus nombreux. Longtemps, elle a imaginé des casinos, des golfs et des hôtels délirants. Longtemps enfin, sa croissance démographique galopante a fait pâlir de jalousie des états moins bien lotis.

... mais un jour, le désert rattrapa l'oasis

Mais aujourd'hui, la pécheresse semble avoir une soudaine gueule de bois. Alors que la ville continue d'accueillir 8000 nouveaux habitants par mois, l'eau, elle, ne suit plus le rythme. Selon l'Institut d'Océanographie Scripps, il y a même 50% de chances que le lac Mead, le réservoir gigantesque sur le Colorado qui fournit 90% de l'eau de la ville, soit asséché d'ici 2021.

L'heure est donc grave et les autorités du Nevada cherchent par tous les moyens une solution de secours pour le principal centre économique de l'état. Elles envisagent de construire un aqueduc qui irait pomper l'eau disponible dans un aquifère situé à 500 km de la ville. Toutefois, le coût du projet (au moins 3,5 milliards de dollars) et son impact sur la zone de prélèvement génèrent une vaste polémique.

En attendant, la chasse au gaspillage d'eau est ouverte à Las Vegas. Le Southern Nevada Water Authority offre 15$ par mètre carré de pelouse transformée en "jardin désertique". Les golfs font disparaître une partie de leurs pelouses vert émeraude au profit de paysages rocailleux plus adaptés aux 114 mm de précipitations moyennes annuelles de la région (en comparaison, Dubaï reçoit en moyenne 150 mm par an). Le prix du gallon d'eau augmente et des amendes sont distribuées aux citoyens qui ne respectent pas les consignes de restriction hydriques. Malgré ces efforts, la route reste encore longue : selon les chiffres publiées par le Las Vegas Sun, la consommation d'eau annuelle par personne atteignait 218 000 litres en 2008, soit plus de 3 fois la consommation moyenne d'un Français selon l'IFEN. Et la majorité de cette eau servait encore... à arroser des pelouses.