jeudi 29 mai 2008

Le grand mystère de l'eau en bouteille (épisode 2)

La saga de l'eau en bouteille se poursuit. Le vent le vent semble en effet tourner pour les plastiques alimentaires. Après s'être imposés dans notre vie quotidienne, ils se retrouvent aujourd'hui dans le collimateur des consommateurs nord-américains.

Le mois dernier, le gouvernement canadien a en effet provoqué l'émoi en annonçant l'interdiction probable de commercialisation des biberons contenant du bisphénol A - un composé retrouvé dans la plupart des plastiques alimentaires. Le bisphénol A (BPA pour les intimes) est soupçonné de provoquer des troubles hormonaux chez l'être humain.

Jusqu'à présent, le risque posé par ce composé chimique semblait minime. Toutefois, de récentes études semble indiquer que le BPA migre plus facilement du contenant en plastique vers l'aliment en cas de cuisson ou de réchauffage au micro-onde...

L'Autorité Européenne de Sécurité des Aliments a annoncé qu'elle allait réévaluer le niveau d'exposition au BPA pouvant être considéré comme acceptable d'un point de vue sanitaire.

mardi 27 mai 2008

Inconvenant ours polaire

Un classement préoccupant

Ces derniers temps, Sarah Palin, gouverneur républicaine de l'Etat d'Alaska, voit les ours polaires d'un mauvais oeil. Ces derniers ne viennent-ils pas d'être classés de façon fort inopportune sur la liste des espèces menacées des Etats-Unis ? La nouvelle n'augure rien de bon pour les plantigrades. Mais pour Mme Palin, elle n'augure surtout rien de bon pour l'économie de l'Alaska. L'ours polaire classé, ce sont les côtes nord et nord-ouest de l'état qui risquent de devenir inaccessibles à l'exploitation pétrolière et gazéifère... et des millions de dollars d'investissement qui risquent de s'envoler en fumée.

La pilule est d'autant plus dure à avaler que la population d'ours polaires de l'Alaska est aujourd'hui florissante ; comment imaginer dans ces conditions qu'elle puisse totalement disparaître d'ici 2050, ainsi que le prédisent certains scientifiques ?

Indissociable alliance

Pourtant, les faits semblent donner raison à ces cassandres : si l'ours polaire se porte encore bien, la glace arctique dont sa survie dépend se porte, elle, plutôt mal. Au rythme actuel, l'Arctique pourrait être totalement dégelé en été vers le milieu du 21ème siècle selon Environnement Canada. Les investisseurs se frotteront sans doute les mains à cette nouvelle, qui offre des opportunités économiques inédites (transport maritime plus rapide, exploitation de gisement pétrolifère inaccessibles actuellement). Pour les ours polaires toutefois, une telle évolution se révèlerait fatale : elle impliquerait une période trop longue sans possibilité de chasse des phoques annelés, amenant inévitablement l'espèce à l'extinction.

Les glaces de l'Arctique : un pivot climatique

Le sort de l'ours polaire ne préoccuperait sans doute pas grand monde s'il n'était pas inextricablement lié à celui de la planète. Les glaces de l'Arctique sont en effet vitales pour l'équilibre climatique de la Terre. Leur disparition entraînerait une "surchauffe" dont il est impossible de mesurer les conséquences. Le gouverneur Palin a raison : le classement en espèce menacée de l'ours polaire est très préoccupante pour l'Alaska. En fait, elle est même très préoccupante pour l'ensemble des habitants de cette planète.

Image : au Spitzberg...

lundi 26 mai 2008

Nucléaire : le retour en grâce


Signe des temps ?

Après vingt ans d'opprobre national, l'énergie nucléaire semble être en train de renaître de ses cendres en Italie. Le ministre du développement économique Claudio Scajola a en effet annoncé la semaine dernière le relancement du programme nucléaire civil italien, ce qui a immédiatement suscité l'émoi de nombreuses associations environnementales.

Une décision démocratique...

Venant d'un pays qui avait banni l'énergie nucléaire de son territoire lors d'un référendum lancé quelques mois après l'accident de Tchernobyl, cette décision peut paraître unilatérale. Elle est pourtant tout à fait démocratique : ne faisait-elle pas partie du programme électoral de Silvio Berlusconi ? En supposant que les Italiens aient réélu Mr Berlusconi sur la base de ses promesses électorales, force est de constater que l'opinion italienne sur le nucléaire a fortement évolué ces dernières années.

... qui reflète l'évolution des mentalités en Europe

Le regain d'attractivité du nucléaire est d'ailleurs observable ailleurs en Europe : sept ans après avoir décidé la fermeture progressive de leurs centrales d'ici 2020, les Allemands sont en effet en train de relancer le débat sur la pertinence de cette mesure -d'autant plus que la fermeture de ces centrales exigerait d'augmenter encore la part d'électricité produite avec du charbon (1). En Grande-Bretagne, le gouvernement a classé en janvier dernier l'énergie nucléaire avec les autres sources d'énergie peu émettrices de gaz à effet de serre. Quant à la Finlande, elle a décidé la construction d'une cinquième centrale afin d'atteindre les objectifs fixés par son plan-climat.

Un retour en grâce un peu tardif ?

L'Italie aurait donc pris une décision "climatiquement avisée" ? Pas si sûr. La construction d'une centrale nucléaire est un processus de longue haleine - la première centrale nucléaire italienne ne devait pas entrer en fonction avant au moins 7 à 10 ans - et son fonctionnement quotidien ne peut se faire sans un débit suffisant des rivières. Or le débit du Pô, principal fleuve italien, est dépendant de l'état des glaciers des Alpes. Selon une étude d'EDF, le débit estival du Rhône, cousin transalpin du Pô, pourrait diminuer de -20% en moyenne d'ici 2050. Avec des centrales rentrant en fonctionnement vers 2020, on peut donc s'interroger sur la pertinence de la décision italienne... et sur les plans B envisagés en cas de sécheresse estivale régulière.

(1) l'énergie nucléaire et le charbon fournissent respectivement 30% et 50% de l'électricité allemande aujourd'hui selon la Commission Europénne.

Image : centrale nucléaire en France