jeudi 27 mars 2008

To save the planet, eat a whale!

Surprisingly mild temperatures, very little snow, Helsinki’s harbor free of ice… Every time I called my contacts in Denmark, Sweden or Finland during the last few months, they shared new observations confirming that for the second year in a row, Scandinavia was getting through dark months so mild that they could hardly qualify as winter. Warm temperatures made people increasingly uneasy as the winter was drawing near to its end, as it seemed to picture the future of a very different Scandinavia.

Norway, a climate change pioneer

In such a situation, no wonder that Norway, the most Nordic country of Europe, is particularly involved in the battle against climate change. The country made the headlines with the opening of the Svalbard Seed Vault, which offers the opportunity to store seeds from everywhere in the world in a frozen environment. But Norway also received media coverage on a more confidential scale with a recent study published by the High North Alliance, a Scandinavian organization based in the Lofoten, which promotes whale hunting.

An –almost- carbon neutral whale?


Granted, the link between whale hunting and climate change may not seem obvious at first sight. But for really worried citizens, nothing is impossible. That’s why the High North Alliance has just demonstrated that for the same weight, one emits 8 times more CO2 equivalents by eating a beefsteak than by eating minke whale meat (the study doesn’t give figures for blue whale meat). For comparison sake, one might be interested in learning that the consumption of chicken (4.6 kg of CO2 equivalents per kg of meat) generates more than 2 times more greenhouse gases emissions than the consumption of minke whale meat (1.9 kg of CO2 equivalents per kg of meat).

This result might seem surprising, but it’s actually quite simple to explain: 1) on the contrary to beef and chicken, a whale does fortunately not need to be fed with agricultural products such as cereals or soybean. This spares a great deal of greenhouse gases, which would have otherwise been emitted by tractors, fertilizers or the heating of building and 2) on the contrary to beef, a whale doesn’t emit methane, a very powerful greenhouse gas. Should we then conclude from this demonstration that the future lies in whale stew?

The whale’s limitations

This might be a bit premature. Despite the pedagogical advantage of this study, which shows how the food we consume is linked to greenhouse gases emissions, it seems to me that it has curiously neglected to take into account two points that should yet have driven the attention of its authors. The first one is that minke whale stocks –or any other whale stocks for that matter – can hardly be considered sufficient to keep pace with growing meat demand from the world. Besides, it comes as a surprise to find out that the study does not even mention the fact that the consumption of 1 kg of cereals produced in the UK generates in average almost 14 times less emissions of CO2 equivalent than the consumption of 1 kg of whale meat…

Picture: a minke whale

lundi 17 mars 2008

La baleine, nouvel eldorado vert?

Températures anormalement douces, couche de neige inexistante, absence de glace dans le port de Helsinki... Au cours des derniers mois, mes contacts au Danemark, en Suède ou en Finlande m'ont confirmé que la Scandinavie était en train de vivre pour la deuxième année consécutive un hiver qui brille... par son absence. L'enchaînement des records de douceur a fini par entraîner un certain malaise, tant les bouleversements qu'il semble augurer sont importants.

La Norvège, pionnier de la lutte contre le réchauffement climatique

Dans ce contexte, quoi d'étonnant à ce que la Norvège, le pays le plus septentrional d'Europe soit un pionnier dans la lutte contre le réchauffement climatique ? Après avoir fait récemment la une des journaux lors de l'inauguration de la Banque de Graines du Svalbard, qui permet d'entreposer des graines de tous les pays du monde dans un environnement perpétuellement gelé, la Norvège est de nouveau sur le devant de la scène. Cette fois, l'intérêt médiatique qu'elle suscite est lié à une étude publiée par la High North Alliance, une organisation scandinave basée dans les Lofoten - !!!! - qui promeut la chasse à la baleine.

Une baleine économe en CO2

Je vous accorde qu'à première vue, le lien entre la chasse à la baleine et le réchauffement climatique peut paraître lointain. Mais rien n'est impossible à des citoyens réellement inquiets des conséquences de la hausse des températures sur leur environnement. Fidèle à cette maxime, la High North Alliance vient donc de démontrer qu'à poids égal, l'on émettait 8 fois plus de carbone en avalant un steack de boeuf qu'en avalant un steack de baleine de Minke (l'étude ne précise pas ce qu'il en est si l'on avale de la baleine bleue). A titre de comparaison, on émet également 2 fois plus de CO2 en mangeant du poulet (4,6 kg d'équivalent CO2 émis par kg) que de la baleine de Minke (1,9 kg d'équivalent CO2 par kg).

Ce résultat s'explique facilement : 1) contrairement au boeuf et au poulet, la baleine ne nécessite pas d'être nourrie avec des produits végétaux (céréales, soja) issus de l'agriculture, ce qui représente une économie substantielle en gaz à effet de serre qui aurait autrement été émis par les tracteurs, les engrais et le chauffage des élevages et 2) contrairement au boeuf, elle n'émet pas de méthane (un gaz à effet de serre très puissant). Faut-il donc conclure de la démonstration de la High North Alliance que l'avenir est dans le pot-au-feu de baleine?

Les limites du cétacé

Ceci serait sans doute un peu prématuré. En effet, bien que cette étude ait le mérite de mettre en lumière l'impact de notre alimentation sur les émissions de gaz à effet de serre, elle néglige -délibérément ?- de prendre en compte deux points qui auraient pourtant dû attirer l'attention de ses auteurs : 1) les stocks de baleine de Minke - ou de toute autre baleine, d'ailleurs - peuvent difficilement être considérés comme suffisants pour subvenir aux besoins croissants en viande de la population mondiale et 2) bien que l'étude ne le précise pas, la consommation d'1 kg de céréales produites au Royaume-Uni entraîne en moyenne des émissions d'équivalent CO2 presque 14 fois moindres que la consommation d'1 kg de baleine de Minke. A bon entendeur...

Image: dans la baie de Boston, par Nicolas.

La grande fièvre alpine


Val Thorens, la station de ski la plus haute d'Europe, envisage d'emballer un bout de glacier. L'information, parue dans le Dauphiné Libéré en juin dernier, est restée confidentielle. Pourtant, elle témoigne bien du malaise profond qui secoue actuellement les Alpes.

Des glaciers en détresse...

L'une après l'autre, les études scientifiques confirment en effet ce que les amoureux de la montagne observent depuis des années : les glaciers des Alpes vont mal. Selon une étude suisse parue en 2006, ils ont perdu 1/3 de leur surface et 50% de leur masse entre 1850 et 1980. Et ce n'est pas fini : ainsi que le fait remarquer une équipe de chercheurs franco-suisse, la majorité d'entres eux pourraient bien avoir disparu avant 2100.

... à sauver coûte que coûte

Dans nombre de vallées, ces observations inquiétent. Elles représentent en effet une menace très sérieuse pour la lucrative industrie touristique des Alpes. Si les petites stations se retrouvent acculées économiquement, les stations de plus grande taille tentent quant à elles de sauver leur gagne-pain par tous les moyens, allant s'il le faut jusqu'à emballer une partie de leurs glaciers dans des bâches réfléchissantes pour en limiter la fonte. La méthode est expérimentée depuis deux ans à Andermatt en Suisse et dans le massif du Stubai en Autriche.

Miracle ou mirage?

Miracle de l'inventivité humaine ou effort dérisoire? Depuis le début de ce mouvement de protection des glaciers, le débat fait rage, opposant la prise de conscience potentielle des touristes à la crainte d'une dénaturation de la montagne. En réalité, l'emballage des glaciers alpins fait surtout penser à l'arbre qui cache la forêt. Outre le fait qu'il semble difficilement envisageable de recouvrir la Mer de Glaces d'une bâche, la préoccupation pour la survie des domaines skiables n'est-elle pas dérisoire face à l'impact potentiel d'une fonte des glaciers des Alpes sur le débit de fleuves dont dépendent des millions d'Européens, comme le Rhône ou le Pô?

Image : glacier dans le Massif des Ecrins