jeudi 20 septembre 2007

Le Groenland contre-attaque

Il ne sera pas dit que le Monde regardera fondre les glaciers du Groenland sans réagir. Après tout, même les situations potentiellement catastrophiques peuvent présenter un intéret économique, et il est encore temps d’éviter que la transformation des glaciers groenlandais en eau liquide ne bénéficie à personne.

Pour ce faire, rien de plus simple : il suffit de vendre l'eau qui résulte de la fonte en bouteille! Vu l'envolée de ce marché, l'idée a un vrai potentiel. Qui sait? Peut-être pourra- t’on même créer un mouvement de solidarité, du genre "pour chaque bouteille achetée, une congelée", histoire de limiter les dégâts...


dimanche 9 septembre 2007

Le cercle vicieux de l'Arctique


Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais depuis que les Russes sont allés planter un drapeau au pôle nord le 2 août, une sorte de "frénésie arctique" semble s'être emparée des diplomates. Que ce soit les Américains, les Canadiens, les Russes ou les Scandinaves, c'est à qui clamera le plus fort ses droits naturels et ancestraux sur les fonds arctiques et balaiera d'un revers de main méprisant les prétentions de ses concurrents.

Une fonte qui attire des convoitises...

La raison de cet intérêt subit? La fonte de l'Arctique s'accélère. Selon le National Snow and Ice Data Center, la surface gelée de l'Arctique en août 2007 était d'ores et déjà inférieure au précédent record, enregistré en 2005 à la fin du mois de septembre. La rapidité de la fonte des glaces a été telle cet été que même les modèles les plus pessimistes se sont révèlé incapables de la prévoir correctement. Voici de quoi réjouir plus d'un investisseur, pour qui la disparition des glaces permet d'envisager à moyen terme un accès aux réserves d'hydrocarbures des fonds artiques, qui pourraient se révéler supérieures à celles de l'Arabie Saoudite.

... et qui soulèvent des inquiétudes

Pourtant, la fonte de l'Arctique est loin d'être un sujet de réjouissance pour tout le monde. Pour les scientifiques, c'est même plutôt un énorme sujet d'inquiétude. Les pôles sont en effet un fantastique amplificateur potentiel du réchauffement climatique. Ceci vient du fait qu'il existe une différence fondamentale entre la glace et l'océan liquide : là où la première renvoie plus de 80% des rayons du soleil vers l'atmosphère, le second les absorbe à plus de 90%. A l'heure actuelle, la calotte glaciaire des pôles permet de limiter le réchauffement climatique en évitant qu'une partie de l'énergie solaire reçue par la Terre ne soit absorbée par cette dernière. Mais si la glace des pôles se met à fondre, cette énergie sera absorbée par la mer, ce qui favorisera l'augmentation de la température moyenne des océans. Or, plus une masse d'eau est chaude, plus elle se dilate, plus son niveau augmente...

Le paradoxe climatique

La nouvelle "frénésie polaire" des pays du Nord, qui ne voient dans la fonte de l'Arctique qu'un accès potentiel à des ressources fossiles jusque là inaccessibles, est typique d'un des grands paradoxes de ce début de 21ème siècle : alors que le réchauffement climatique prend de plus en plus l'allure d'un défi planétaire extrêmement urgent, l'inquiétude sur ses conséquences est d'une manière générale surtout manifestée par les spécialistes du domaine. Cette situation est exactement l'inverse de ce que l'on observe dans nombre de domaines scientifiques ayant des implications pour le grand public, tels que l'énergie nucléaire ou les OGM.

Pourquoi cette différence? Peut-être parce que les effets du réchauffement sont pour l'instant surtout visibles dans des zones peu peuplées. Peut-être aussi parce qu'il nous est difficile d'imaginer que les évènements qui se produisent actuellement en Arctique puisse avoir un impact déterminant sur nos vies et celles de nos enfants. Peut-être enfin parce qu'il est plus facile de faucher un champs de maïs que de modifier nos modes de vie.

Source :
Field Notes from a Catastrophe, de Elizabeth Kolber
t

Photo :
http://www.interet-general.info/IMG/Norvege-Region-Tromso-Paysage-Arctique-1.jpg

vendredi 7 septembre 2007

Joking British Airways


When my friend Sid announced that she was planning a trip to England, everyone asked her whether she was going to offset her carbon emissions.

A very fashionable concept

The question might sound weird at first sight, but it has become increasingly frequent in environmentally conscious circles in America. The general idea behind the nebulous "offsetting" term is to help the persons who feel guilty about their carbon emissions to "offsett" them by contributing financially to projects that might either compensate or spare an equivalent amount of carbon that would otherwise be vented into the atmosphere.

Though the concept might seem quite simple, it is in fact pretty tricky. First, the person who dearly wishes to diminish one's ecological footprint will discover that the estimation of one's carbon emissions can vary wildly according to the company chosen. Then, one will discover that even if the amount of emissions is similarly estimated, the price of a tonne of carbon might also be subjected to wide variations.

British Airways: a "green" company?

But let's go back to Sid, who might be considered lucky; as it proudly advertises, British Airways (more commonly known as BA) is actually the first airline that introduced the possibility of carbon compensation to its customers. One might then easily imagine that this means more experience in the offsetting business and therefore better projects. Indeed, for the curious customer willing to spend a few minutes investigating how his money will be used, the "climate projects" funded by BA may well look quite interesting.

Did the inhabitants of the Atlantis have the right light bulbs?

One of them is focused on the Marshall Islands, an archipelago that is (according to BA) "under severe threat from rising sea levels due to global warming". To say this straight, this doesn't sound like much fun for its inhabitants, who may well feel a bit concerned by the fact that each rountrip Boston/Manchester emits as much carbon than two Chineses during a year. But why should they worry? BA has the solution! The company is installing highly efficient compact fluorescent lamps in a third of the Majoro island's homes. No doubt that this is going to make all the difference when sea levels will indeed start to rise seriously... It's a pity that the environmentally conscious website of BA does not include a notice saying that a better option to fight global warming and insure a future to the Marshall Islands would be not to take the plane.

Believe it or not, but Sid has decided not to compensate her carbon emissions.

Picture: http://www.cartoonstock.com/newscartoons/cartoonists/gri/lowres/grin548l.jpg

samedi 1 septembre 2007

L'humour anglais de British Airways

Lorsque mon amie Sid a annoncé qu'elle allait en Angleterre, son entourage lui a demandé si elle comptait compenser ses émissions carbone.

La grande mode de l'offsetting

La question est au premier abord surprenante. Pourtant, elle est devenue remarquablement banale dans les milieux marqués par une conscience environnementale aux Etats-Unis : "l'offsetting", car c'est le nom de cette pratique, a le vent en poupe. L'idée consiste à estimer la quantité de carbone relâchée dans l'atmosphère par une activité et à payer une entreprise spécialisée pour qu'elle compense les émissions générées en mettant en place des projets supposés absorber ou économiser une quantité de carbone équivalente.

BA : une compagnie modèle?

Sid a de la chance : elle peut si elle le souhaite compenser les émissions générées par le trajet Boston/Manchester grâce aux efforts de British Airways (BA pour les intimes)! Sur son site internet, la compagnie annonce en effet avec fierté qu'elle est la première compagnie aérienne au monde à avoir introduit la possibilité de compenser ses émissions. Selon BA, les 1,14 tonnes de CO2 générées par l'aller/retour peuvent être compensées par le paiement volontaire de 8,57£ (environ 13€).

Les habitants de l'Atlantide avaient-ils les bonnes ampoules?

A quoi va servir cet argent? BA est une compagnie transparente : ses "projets climatiques" sont décrits sur son site internet. L'un d'entre eux concerne les îles Marshall, qui sont fortement menacées (selon ses propres termes) par un engloutissement lié à la montée du niveau des océans. Je ne sais pas vous, mais moi, à la place des habitants des îles Marshall, je serais quand même un peu inquiête de savoir que chaque vol A/R transatlantique correspond au moins à deux fois les émissions annuelles d'un Chinois. Mais pas de panique! BA a la solution : la contribution volontaire de 8,57£ va servir à remplacer 1/3 des ampoules de l'une des îles de l'archipel par des ampoules économiques en énergie! Voilà qui va certainement faire toute la différence quand l'océan engloutira les îles Marshall... Dommage que BA ne signale pas qu'une solution plus efficaces pour sauver l'archipel serait de ne pas prendre l'avion...

Croyez le ou non, mais Sid a décidé de ne pas compenser ses émissions.

Image: http://jonjayray.googlepages.com/offsets.gif